05 février 2006

C'est le temps de déglacer le char...


"Bon... C'est le temps de déglacer le char...", c'est sur cette phrase que s'est terminée, pour Daniel, une superbe journée de jeu bien remplie à Laval. C'était la première fois, grâce à un concours de circonstances exceptionnel, que j'avais la chance de participer à la rencontre mensuelle organisée par Paul et qui attire un nombre toujours croissant de joueurs. Tout, sur les lieux, est organisé en fonction du jeu. Le sous-sol, bien éclairé et avec peu de fenêtres, nous permet d'ignorer le temps qui passe. Seule une petite horloge accrochée au mur nous rappelle, lors d'un rapide coup d'oeil, qu'il est déjà 3 heures du matin et qu'il faudrait peut-être rentrer.

Bref, une journée exceptionnelle pour moi, qui n'ai pas l'habitude de jouer aussi intensément. Comme le disait Pierre, dans la voiture, au retour: "C'est comme dans le temps où je jouais à Warcraft une journée entière sans quitter une seule fois l'ordinateur."

Je vous propose donc ci-après une critique et un compte-rendu des parties que j'ai faites. Je ne vous donnerai ni les participants, ni les gagnants. Paul le fait généralement très bien dans son propre compte-rendu (disponible ici). Fait à noter: sur 6 jeux, 5 étaient pour moi des découvertes. Et pour La Città, j'y avais déjà joué mais c'était il y a si longtemps que j'avais l'impression de le découvrir à nouveau.

Big Shot (BGG)
Big Shot
El Grande selon Randolph
C'est sur ce classique de Randolph qu'on a commencé l'après-midi. Un très bon jeu de majorité où on place non seulement nos propres cubes mais aussi ceux de nos adversaires. Tout l'art du jeu consiste à savoir combien enchérir sur un lot qui contient 4 cubes choisis au hasard parmi les couleurs des 4 joueurs. J'ai beaucoup aimé ce jeu somme toutes très simple, mais dans lequel la valeur de chaque lot est excessivement difficile à calculer et dépend ultimement du joueur qui le choisira. Bref, c'est très difficile mais très plaisant!

Il Principe
(BGG)
Il Principe
Une autre carte miniature de Ornella
La première chose qui frappe quand on ouvre la boîte de Il Principe, c'est qu'Ornella aime définitivement les cartes miniatures! Ici on a droit à l'extrême nord de l'Italie, depuis Sienne en montant, dans pas plus de quelques centimètres carrés. On n'est pas chez Eagle Games!

Passé ce clin d'oeil on découvre un jeu de gestion de cartes assez déroutant. On achète des cartes aux enchères qu'on utilise ensuite pour construire des villes avec lesquelles on se bâti des séquences de cartes qui nous permettent d'acquérir des rôles qui peuvent nous donner des points de victoires quand un adversaire construit une ville... Bref, vous voyez le topo: c'est tordu dans tous les sens et on ne sait pas trop quoi faire. Ajoutez à ça un décompte de majorité final pas mal payant et 3 ou 4 autres façons de glaner des points, et vous comprendrez que Il Principe n'est pas facile à cerner.

Malgré tout j'ai bien apprécié le jeu d'Ornella. Il semble qu'on puisse y adopter avec succès de multiples stratégies. Il s'agit en fait de ne pas trop déroger de sa ligne directrice. Dans cette première partie, ma plus grande difficulté a été que je n'arrivais pas à tout voir, mais avec plus de parties ça s'améliorera probablement.

Mississippi Queen
(BGG)
Big Shot
Le Mississippi et ses p'tites madames
L'arrêt au puit sous forme d'un salut à César vous avait toujours paru un peu plaqué dans Ave Cesar? Attendez de voir les p'tites madames de Mississippi Queen!

À la lecture des règles, on était tous emballés par un jeu de course en apparence simple mais qui semblait offrir juste ce qu'il faut de gestion et de planification pour être intéressant. Bon, on a fait une petite erreur dans la règle qui fait que le premier joueur découvrait un peu tardivement le tracé du fleuve. Une variante qu'on a nommée Mississippi By Night et que je ne vous conseille pas vraiment. Malgré cela le jeu ne semble pas tenir sa promesse. Tout d'abord, l'ordre de tour est difficile à déterminer avec certitude: le joueur en avance est supposé jouer le premier, mais le circuit tourne dans tous les sens alors comme déterminer qui est en avance? De plus, il est possible de pousser les autres ajoutant un côté Robo-Rallie pas vraiment emballant. Au final on ne contrôle donc pas grand chose...

Le côté positif de la partie c'est que Pierre nous avait annoncé dès le début qu'il n'avait jamais perdu à ce jeu. Je me suis donc fait un devoir de le coiffer au fil d'arrivée. Je dédie d'ailleurs cette victoire à notre hôte, Paul, dont les démêlés avec Pierre sont aujourd'hui légendaires! ;)

La Città
(BGG)
La Citta
La fidélité de nos citadins n'est pas acquise dans La Città
Cette partie m'a rappelé une vieille chanson de Renaud:
J'étais tranquille j'étais peinard
Accoudé au flipper
Le type est entré dans le bar
A commandé un jambon beurre
Et y s'est approché de moi
Et y m'a regardé comme ça

En fait c'est ça, j'avais deux jolies petites villes de campagnes, perchées dans le haut de la carte, pendant que mes trois adversaires se faisaient la peau au centre. Je me développais tranquillement en polissant mes statues mais voilà...
Y m'a filé une beigne
J'lui ai filé une torgnolle
Y m'a filé une châtaigne
J'lui ai filé mes groles

Dominic n'a pas eu pitié de moi et a construit deux autres villes à des endroits stratégiques. Un aspect que, dans mon petit confort, j'avais complètement laissé tomber. Au final il empoche 33 points de victoire alors que mes citadins pleurent encore sur leurs 32...

Une très bonne partie d'un très bon jeu que j'ai eu du plaisir à redécouvrir. Le problème semble être qu'on se remet difficilement quand on commence à piquer du nez. C'est une caractéristique que La Città a en commun avec Age of Steam, mais qui ne m'empêche pas de les apprécier tous deux.

Elasund
(BGG)
Elasund
Les Colons sans hexagones, est-ce que c'est encore les Colons?
Elasund c'est la nouvelle mouture des Colons de Catane sauce gros joueurs. On y retrouve encore la machivélique paire de dés, qui ce soir-là s'est amusée à éviter soigneusement le 5 jusqu'à la toute fin. À part ça, le jeu s'est endurci et nous offre mainteant la possibilité d'écraser les bâtiments de nos adversaires et ainsi de les faire reculer aux points. On n'y retrouve pas non plus de gestion de ressources ni de phase d'échange. Ici il faut plutôt placer judicieusement ses constructions et essayer d'éviter les endroits à risque. On est au final en présence d'un jeu passablement différent des autres variations sur le thème de Catane. Les règles sont plus complexes, avec bon nombre de petits détails assez contre-intuitifs. Je doute qu'on y rejoue frénétiquement comme à son prédécesseur, mais je referai bien encore quelques parties.

Une anecdote essentielle de cette partie: j'étais en retard pendant un bon bout temps, en raison d'une évidente pénurie de 5. Je parviens éventuellement à me relever, et j'entrevois la possibilité de terminer cette partie grâce à un sprint final qui me permettrait de scorer 4 points d'un seul coup. J'espère seulement que le tour se rendra jusqu'à moi... Oui! Pierre ne peut pas construire! Ravi et souriant j'annonce que c'est terminé, je paye mes 5 pièces d'or, retire mes permis de construction, me penche pour... AAAAAAARRRRRRGHHHHH! Il n'y a plus de bâtiments de 6 cases! S'en est suivi une revision en bonne et due forme de mes vases liturgiques. J'aurais pu gagner au tour suivant, mais bien sur Pierre a pris le soin d'écourter la partie. Bravo Pierre!

Targui
(BGG)
Targui
Une stratégie perdante à Targui? Rouler des 1!
Ahhhh, Targui, Targui, Targui... J'espère qu'aucun voisin ne tentait de dormir dans un rayon d'un kilomètre car il aurait immanquablement été réveillé par mon cri viscéral "NOOOOoooon! Pas un cinquième!" Et bien oui, chers amis, une fois sur 7776, un être malchanceux sur la planète roule cinq 1 consécutifs. Ce samedi, ça s'est passé à Laval et vous lisez le blog de la malheureuse victime. Pas étonnant, donc, que la colonie de mes touaregs se soit atrophiée à vue d'oeil. Daniel, en bon opportuniste, en a profité pour me voler mon camp de base et tout espoir de retour dans la partie.

Mal lui en pris car, craignant son hégémonie, Paul et Pierre se sont ligués contre lui (un autre événement qui ne se produit qu'une fois par millénaire). Daniel a donc perdu lui aussi son camp de base et a quitté la table en lançant un pragmatique "Bon... C'est le temps de déglacer le char..."