16 juin 2006

Le JSP Project, une bonne idée mal exploitée?


JSP, c'est l'acronyme sympathique qu'on a donné à la revue Jeux sur un Plateau. Celle-ci, assez récente, s'est taillée une place de choix parmi les publications papier francophones traitant de jeu de société. Si elle est aujourd'hui très appréciée des joueurs c'est qu'elle a su, d'une part, s'adapter à leur demande et, d'autre part, innover constamment en proposant un contenu parfois inusité.

Parmi ces innovations, celle qui m'aura le plus intriguée reste le JSP Project. Ce concours de création ne demandait pas aux participants de concocter le meilleur jeu possible, mais bien le plus susceptible de se faire éditer dans la gamme de Days of Wonder ou Asmodée.

Bien que je n'aie pas participé au concours, j'étais emballé par l'idée. En effet, il semble qu'un problème récurrent chez les éditeurs actuels soit de trouver le temps de recevoir, de tester et de filtrer les soumissions prometteuses. Certains, comme Fantasy Flight Games, vont jusqu'à refuser toute soumission de jeu non-sollicitée. Une tendance que Aldie et Derk, sur Geekspeak, ont associée à l'avènement d'une époque où les auteurs de jeu seraient de véritables professionnels misant sur leurs succès passés et leur notoriété pour trouver un éditeur.

Dans un tel contexte, donc, le JSP project apparaîssait comme une merveilleuse façon de diminuer le faussé entre les attentes des éditeurs et les élans créatifs des auteurs de jeu émergents. Cependant l'annonce récente qu'aucun des jeux finalistes ne trouvait une place dans la gamme des deux éditeurs est très décevante. Évidemment, on ne peut reprocher son honnêteté à JSP, qui avait dès le début averti les participants de cette possibilité. Cependant, on peut quand même se demander si cette situation n'étais pas évitable ou, à tout le moins, prévisible.

Par exemple, on peut se demander si on a véritablement pris en considération, à chaque étape du concours, les contraintes et attentes des éditeurs partenaires. Si on se fie au verdict du jury, on pourrait croire que non. En effet, on dit que Les croisés du Temps s'adresse à un public trop joueur, que Conflits mythologiques : Egypte fait doublon à côté de L'Âge des Dieux, et que les mécanismes de The secret path of Incas font déjà-vu. Avait-on à se rendre en finale pour constater celà? N'a-t-on pas privilégié les jeux appréciés par les testeurs alors qu'on aurait du s'attarder aux jeux éditables?

À cela on pourra répondre que, de tous les jeux reçus, seuls ceux-ci étaient prometteurs pour l'édition. Dans ce cas, le problème pourrait se situer dans une mauvaise exposition des visées de ce concours. En effet, force est de constater que le
règlement officiel s'attarde longuement aux technicalités mais n'expose aucunement les désirs et contraintes des éditeurs. Je trouve malheureux qu'on ait investi autant d'efforts dans un concours pour, au final, rejeter des jeux sur la base de considérations qui auraient pu être exposées dès le début.

J'espère donc que le concours sera de retour l'an prochain malgré ce résultat un peu décevant. Si c'est le cas, je suggère aux organisateurs d'en faire une occasion de rapprocher les auteurs et les éditeurs. Par exemple, je suis certain que les participants aimeraient lire une entrevue
décrivant la façon dont les décideurs de Days of Wonder et Asmodée choisissent les jeux à éditer. À défaut, prenez au moins la peine de mentionner que vous cherchez des mécaniques innovantes et des jeux familiaux qui se distinguent des autres publiés par les partenaires du concours, ça évitera la déception qu'on connaît aujourd'hui!

1 Commentaires:

À 17/6/06 14:57, Blogger Philippe a dit...

Ça aurait été fourbe, en effet... :)

Mais je crois que tu as mal compris mes propos. Je ne critique pas la façon dont les éditeurs choisissent leurs jeux. Le but est que le jeu se vende, après tout. En fait, je suis agréablement surpris que, malgré cet incitatif commercial, on continue à voir paraître de très bons titres originaux. Les industries de divertissement plus matures (jeu vidéo et cinéma, par exemple), ont depuis longtemps arrêté d'innover.

Oui, le nom de l'auteur biaise probablement le jugement de l'éditeur. Mais comment leur en vouloir quand on sait le nombre de soumissions qu'ils doivent recevoir? Non, vraiment, l'idée est de tenir ce genre de concours mais de s'assurer qu'il répond au besoin de faire se rencontrer éditeurs et auteurs montants.

 

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