25 octobre 2006

Age of Steam - Extension Saint-Pierre et Miquelon


Si vous suivez ce blogue régulièrement, vous savez que je reviens d'Essen où j'avais été invité par la ludothèque de Boulogne-Billancourt dans le cadre de leur concours annuel de créateurs de jeux de société. Je n'étais pas seul: 5 autres auteurs ont été primés et étaient du voyage. À quoi peut-on s'attendre quand on entasse autant d'auteurs dans un petit minibus pour un voyage de 5h30 entre Paris et Essen? À ce qu'ils créent un jeu bien sur!

C'est donc sur le chemin du retour, vers 8h00 du soir, perdus dans des montagnes belges que nous n'aurions pas du visiter, que nous avons lancé l'idée de créer une extension de Age of Steam. Notre choix géographique s'est arrêté sur Saint-Pierre et Miquelon. Ce département français outre-mer nous est en effet immédiatement apparu comme l'endroit tout indiqué pour créer une extension où la tension liée aux contraintes de placement serait maximale. Les règles sont donc les mêmes que le jeu original mais l'originalité réside justement dans l'extrême difficulté d'appréhender la carte.

En l'état le jeu n'est peut-être pas parfaitement balancé et l'enchère pour le premier joueur apparaît cruciale, de même que l'action first build. Le jeu peut aussi être ruiné par un mauvais tirage initial de cubes. Il faut dire que Sébastien Pauchon n'était pas dans le minibus pour le voyage de retour et que son expérience nous a manqué pour finaliser le design. Qu'à celà ne tienne, Ludovic Vialla en a réalisé une première maquette et cette version apparaît d'ores et déjà fort prometteuse. Jetez-y un coup d'oeil et donnez-nous vos commentaires!

(Une photo des auteurs.)

24 octobre 2006

Khronos, remplacement des cubes


Le jeu Khronos, publié à Essen, a été très bien accueilli par la critique. Le matériel, de très bonne facture, comprend néammoins de petits cubes de bois dont la qualité a été critiquée par les premiers acheteurs. Sur le forum français Tric Trac, l'éditeur Matagot explique les problèmes de dernière minute qui ont engendré ce défaut de fabrication.

L'éditeur ne se contente pas de s'excuser et propose de remplacer les cubes des acheteurs qui en font la demande par e-mail à sav@matagot.com. Une excellente initiative pour un petit éditeur montant qui n'a pas froid aux yeux!

Mentionnons aussi que ce problème n'est présent que dans les boîtes vendues à Essen. L'éditeur a indiqué que les cubes distribués avec les prochaines boîtes seront à la hauteur du reste du matériel.

22 octobre 2006

Jour 8 - Essen


Une troisième journée marquée par une foule monstre!


C'est fou!
L'allemagne en entier s'est donnée le mot. C'était carrément fou! J'ai mis près de 10 minutes à traverser la moitié d'un hall pour réussir à acheter l'extension d'Age of Steam 20000 rails sous les mers créée par Ludovic Gimet (Ludo le Gars). Imaginez: le salon compte une dizaine de halls! Pour ça on peut dire que le stand de la ludothèque est bien situé: près d'une porte très passante pour attirer l'attention, mais assez en retrait pour ne pas être assaillie par la foule qui circule.


Tous les jeux primés sont joués
Il reste que les tables du kiosque ont été occupées pratiquement toute la journée. Pour Panama, je suis revenu à la version qui avait remporté le concours et ça s'est avéré une très bonne idée. Cette version est peut-être un peu moins équilibrée, mais elle semble beaucoup plus intéressante pour les joueurs qui en font une première partie car ils aperçoivent plus facilement les bons coups. Je crois que je vais revenir à cette version et la polir un peu pour diminuer les petits points qui accrochent. En tous cas, ça ferait un bon sujet pour une discussion de game design: jusqu'où équilibrer un jeu? Il reste que cette version a vraiment connu un bon succès et les joueurs se passaient le mot. À la fermeture du salon, des amateurs me l'ont même réclamée pour la soirée, question d'y jouer dans leur chambre d'hôtel. Ça ne se refuse pas!


Les jeux primés qui sont aujourd'hui édités
Entre les explications et les rendez-vous, j'ai quand même réussi à jouer quelques parties avec Giovanni, un très sympathique reporter pour la revue Des Jeux sur un Plateau. Nous avons d'abord essayer Die Säulen von Venedig publié chez Goldsieber. Dans ce jeu, les joueurs tentent de construire des quartiers de Venise. Seul problème, il faut d'abord poser des pillotis pour construire hors de l'eau. Nous y avons joué à deux joueurs. Dans cette configuration, les joueurs ont chacun une main de 5 cartes représentant les différentes actions. Les deux joueurs choisissent une action et la révèlent simultanément. Les joueurs exécutent ensuite leurs actions et s'échangent les cartes correspondantes. Ainsi si on fait une action puissante, celle-ci pourra être utilisé par notre adversaire au prochain tour. Une mécanique simple et qui fonctionne, auquel on ajoute un petit système de placement assez simple aussi. Au final on a un jeu qui reste plutôt tactique, mais qui ne lève pas. Les joueurs ne possèdent rien sur le plateau si ce n'est que quelques pieus, on n'a donc pas l'impression de construire quelquechose et ça laisse un peu sur sa faim. Au final, c'est un jeu qui tourne très bien mais auquel il semble manquer un petit quelquechose. Remarquez, on y a joué à deux. Le jeu est peut-être meilleur à plusieurs.


Pas grand chose à voir à Essen en dehors du salon
Giovanni et moi avons ensuite rejoint un groupe de 3 français rencontrés au hasard pour essayer Sitting Duck, un petit jeu de carte de Amigo. Alors là, c'est du jeu d'ambiance! Six canards aux couleurs des joueurs se déplacent de droite à gauche à la manière de ces jeux de foire que vous connaissez sûrement. Les joueurs doivent choisir une action parmi leur main de 3 cartes. On peut viser un canard, tirer dans une cible, ou alors faire faire tout plein de cabrioles à nous amis ailés. Vous aurez compris que le plaisir est de pourrir les adversaires et ça fonctionne assez bien... jusqu'à la fin. En effet, le gagnant est le dernier qui possède au moins un canard à sa couleur. Malheureusement, il nous est arrivé une situation de kingmaking où deux joueurs qui ne pouvaient plus gagner s'unissaient pour tuer un des deux canards restant, donnant la victoire à l'autre. Bon, le but c'est l'ambiance alors ça ne devrait pas être catastrophie. N'empêche que c'est le genre de situation qui doit se produire assez souvent et ce n'est pas génial. Remarquez, la règle était en allemand et on a pu faire quelques erreurs alors c'est à réessayer. Néemmoins, je le recommande à tous ceux qui aiment les jeux d'ambiance et de pourissage style Guillotine. Ici, le thème est très drôle et les cartes sont belles.

On a joué encore un peu en fin de soirée. Pendant qu'une bande d'irréductibles attaquaient la règle de Imperial, Sébastien et moi avons rejoint les auteurs de Khronos, Ludovic Vialla et Arnaud Ubon, pour une petite partie de Walhalla. Il s'agit d'un petit jeu de majorité qui se joue en 45 minutes environ. Le thème est plaqué, soit, mais la mécanique fonctionne très bien. À chaque coup, on peut placer un ou deux de ses jetons vikings sur les trois espaces libre d'un bateau. Un adversaire, indiqué sur le bateau, peut quant à lui choisir d'occuper le troisième espace. Ensuite, on lance le bateau en expédition dans une des 4 colonnes. Quand le bateau accoste les vikings descendent à gauche ou à droite. Des cartes spéciales et différentes techniques de pointages pimentent le jeu. Le côté sympathique est un système de "combat" ultra-simple et rigolo. Si un viking débarque sur une case occupée par un autre Viking, le défenseur peut choisir de mourir et d'envoyer son jeton au Walhalla. S'il décide de ne pas mourir alors l'attaquant và au Walhalla mais pour sa couardise, le défenseur perd un de ses jetons qui se trouvait au Walhalla. Être bien placé au Walhalla permet de récupérer plus de jetons vikings entre les tours et c'est très pratique. Bon, on s'est un peu trompé dans la règle de combat et la fin de partie a vraiment mal tournée mais malgré tout c'est un jeu qui me semble avoir un bon potentiel et j'y rejouerais volontier.

Pour terminer, jetez un oeil au buzz du salon. Sur ce tableau on constate que les français (et les belges) se débrouillent quand même pas mal: Yspahan publié par Ystari, Mr. Jack de deux auteurs français, et Santy Anno de Repos Production, un sympathique éditeur belge. Il faudrait mettre un peu de Québécois là-dedans l'an prochain. ;)

Une petite note: mon appareil photo vient de rendre l'âme et la lentille refuse de sortir. Pas de photo demain donc, désolé... De toute façon, on empaquete tout demain matin et on part pour Paris en fin d'après-midi. On y arrivera tard, je ne sais pas si j'aurai accès Internet... Selon toute vraissemblance ceci est donc le denier compte-rendu de ce voyage à Essen. J'espère que vous avez apprécié et n'hésitez pas à laisser un petit mot! (Désolé pour les fautes d'orthographe, je me connectais le moins possible à Internet pour économiser, et donc je n'ai pas pris le temps de corriger.)

20 octobre 2006

Jour 7 - Essen


Une deuxième journée de Essen, qui dirait non à ça?


C'est un peu moins bondé aujourd'hui
Ne vous méprenez pas, il y a encore beaucoup, beaucoup de visiteurs. On croit quand même constater que c'est moins bondé qu'hier. On aurait pu espérer que ça me donnerait la chance de jouer un peu plus à de nouveaux jeux mais ça n'a pas vraiment été le cas. D'une part, mon horaire était bien chargé et d'autre part le proto de Panama en démonstration a été joué toute la journée. Les retours ont été très bons malgré quelques critiques au niveau de certaines modifications de règles depuis la version du concours. Je constate que c'est absolument impossible de faire un jeu qui plaira à tous. Heureusement, Panama a l'avantage d'avoir quelques règles ajustables en fonction du public visé ce qui devrait plaire à un éventuel éditeur.


Panama n'a pas dérougi
À 4 heures avait lieu la remise officielle des prix du concours de Boulogne-Billancourt. Malgré le peu de publicité, il y avait foule pour assister à l'événement. J'ai eu droit à mon petit 2 minutes de gloire devant les flashs des caméras. C'était une bonne idée de la part des organisateurs du concours et je crois que ça a été apprécié de tous. Parmi les lauréats, mentionnons le succès que Khronos remporte. Des quelques 500 boîtes disponibles au salon, il ne devait en rester qu'une cinquantaine à la fermeture du salon ce soir. C'est vraiment une belle réussite pour le jeune éditeur Matagot qui a du mettre les bouchées doubles pour terminer le jeu en un temps record.


La remise de prix officielle
Pendant que j'étais cloué au kiosque pratiquement toute la journée, Sébastien, lui, ne s'est pas gêné pour faire un autre petit tour. Il a pu voir un plateau de Heroscape qui, ma foi, semble rivaliser avec ceux de Yvon. Il y a aussi Battelore qui tourne en permanence au stand de Days of Wonder. Ceux-ci vont-ils encore une fois gagner leur pari? J'ai bien aimé le stand qui présente un gangster bien différent de celui qu'on a chez nous. Finalement, tout près de notre stand se trouve le kiosque de Ferti qui présente, entre autre chose, son nouveau Whoopies avec de jolis toutous en peluche.


Que c'est calme quand c'est fermé!
Du côté des achats, on s'est procuré Space Dealer de Eggertspiele, un jeu en temps-réel où les sabliers nous indiquent quand on peut réaliser les actions. Je n'ai pas lu les règles et je n'en sais pas beaucoup, mais ça a l'air original et intéressant! J'ai aussi eu la chance de jouer un peu. Une partie de Hystéricoach, un jeu ridicule où il faut positionner sur le plateau des jetons représentant des joueurs de soccer. Pour se faire, notre partenaire nous guide mais il ne peut utiliser certains mots et doit employer les noms tordus des joueurs de l'équipe. Ça donne un discours du style "commentateur télé" et c'est assez loufoque. Est-ce que j'y rejouerais? Bof... On a aussi essayé deux nouveaux jeux à deux. Le premier est en fait une jeu de cartes à collectionner: World of Warcraft, trading card game. J'en entend déjà qui se plaignent que ce n'est pas un jeu de société. Disons qu'avec deux deck de départ on se sauve tout le côté de construction de deck et on s'épargne la collectionnite donc c'est pas mal. Le jeu est clairement inspiré de Magic avec de petits ajustements qui le rendent plus simple. Il n'est pas désagréable à jouer cependant, mais se révèle beaucoup plus léger que son ancètre. De mon côté j'aime bien ce petit côté jeu rapide et sans prétention. En plus, il y a une facette de personnalisation des personnages qui semblent fort réussie, avec des objets ou des abiletés qui ne peuvent qu'être utilisé par une certaine classe ou une certaine faction. Agréable. Pour clore la soirée, on s'est fait un petit Mr. Jack. Quel excellent jeu! Si on en croit le buzz du salon, tel qu'on le découvre sur le tableau continuellement mis-à-jour par Fairplay, je ne suis pas seul à apprécier ce jeu. Si vous ne le connaissez pas, on dit généralement qu'il s'agit d'un jeu de déduction style mastermind. À mon avis, la facette déduction est trop facile et ne représente pas le principal intérêt du jeu. Non, je crois qu'il s'agit plutôt de savoir bien utilisé la mécanique étrange qui dicte l'ordre du tour ainsi que les actions spéciales des personnages présents sur le plateau. Peu importe, c'est vraiment une belle réussite que ce jeu, même si je le trouve drôlement difficile quand on a le rôle de Jack!

Une dernière grosse journée demain car dimanche nous partirons dans l'après-midi. Restez branché!

19 octobre 2006

Jour 6 - Essen


Essen... La ville de tous les vices! (Dans la mesure où ceux-ci impliquent des jeux de société.) Aujourd'hui on se lance en grande pour découvrir si c'est vraiment aussi grand qu'on le dit.


Le signal de départ a sonné
Première constatation: il y a du monde. On s'en doutait, mais là, quand il faut tous se faufiler par une unique porte, ça bouchonne. On parvient à passer et on se dirige vers le stand 10-92 que la ludothèque de Boulogne-Billancourt partage avec l'éditeur Ferti. Ce n'est pas très loin de l'entrée mais déjà on est ébahis par la taille des stands et par le nombre de boîtes de jeu au mètre carré. C'est pas tout, on croise des gens connus aussi! Après avoir placé un peu les choses au kiosque, on se permet de faire un petit tour des lieux et là, paf, ça nous frappe: c'est gargantuesque!


Le stand de la Ludothèque
Il y a de tout: boutique de jeu qui propose une sélection énorme, brocanteurs qui ne se gênent pas pour afficher Chinatown à 80 euros, cartes à collectionner, miniatures, mais surtout des tonnes de jeux et de tables pour y jouer. Par exemple, le stand de Alea propose quatre tables où on peut essayer Notre-Dame, leur prochain jeu. C'est toujours plein cependant, alors on n'a pas beaucoup d'espoir de parvenir à y jouer. Le stand de Kosmos contient aussi pas mal de tables et le jeu Die Säulen der Erde y sort très souvent. Le buzz à son sujet semble d'ailleurs très bon et si ce n'était du texte allemand sur les cartes je n'hésiterais pas à l'acheter.


Une partie de Panama
Dans l'énorme espace-jeu de Rio Grande, c'est Gloria Mundi qui prend presque toute la place. Là aussi, les premiers échos du salon semblent très positifs. De notre côté, on n'a pas attendu que les 300 boîtes soient écoulées pour se procurer Yspahan, édité par Ystari. C'est pour ce jeu que le très sympathique Sébastien Pauchon avait été primé à Boulogne-Billancourt l'an dernier. Un troisième jeu qui semble plaire cette année. On s'est aussi procuré Mr.Jack, la réédition très attendue de Une Ombre sur Whitechapel de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc. Finalement, on a pris DartWars, un autre jeu primé à Boulogne-Billancourt où il s'agit de conquérir la planète en lançant des darts. Devinez c'est pour qui celui-là? Pour Pierre bien sûr! Il y a aussi plein de choses étonnantes à voir dans ce salon. Des jeux surdimensionnés comme Pickomino et l'Escalier Hanté au stand tout en jaune de Haba.


Ça joue pas mal dans le stand de Rio Grande
Ma seule déception du jour c'est qu'entre les réunions et les explications de jeu, je n'ai pas trouvé beaucoup de temps pour jouer. Une des raisons c'est que les tables où on peut essayer les jeux populaires sont pratiquement toutes occupées en tous temps. En plus, il n'est pas nécessairement évident de trouver des partenaires de jeu et ceux-ci parlent parfois uniquement allemand. Ah, oui, et les règles et les cartes ne sont souvent qu'en allemand. Malgré tout on est parvenus à se faire une partie de Skyline Project au stand de Amigo. C'est un jeu léger où on lance une paire de dés pour déplacer notre jeton sur une piste encadrant l'aire de jeu et, simultanément, pour construire des tours sur cette aire de jeu. Si notre jeton s'arrête à côté d'une tour adverse il faut payer. Si c'est un bassin de tour adverses connectés alors il faut payer gros! Ça fait un peu penser au Monopoly et nos premiers tours nous ont laissé dubitatifs. Malgré tout, les règles de construction assez originales finissent par donner un jeu assez intéressant. Ça reste au niveau du bon filler, avec des tours ultra-rapides et des coups de hasards qui renversent les situations. Malgré tout on se prend à anticiper les lancés de dé et à chercher les gros coups. J'ai bien aimé.

Demain sera une journée très remplie, avec la remise de prix ainsi que plusieurs rendez-vous avec des éditeurs.

18 octobre 2006

Jour 5 - Paris, Essen


La veille du grand jour! En effet, aujourd'hui on quitte notre hôtel direction Boulogne-Billancourt.


Les récipiendaires du concours de Boulogne-Billancourt
La première étape, après avoir passé les gardes de sécurité qui protègent l'accès à la cafétéria top-secrète de l'Espace Landowski, c'est un petit cocktail et une remise de prix privée. C'est petit et intime, mais on nous a promis plus lors du salon d'Essen. Remarquez, moi ça m'a bien plu. On a d'ailleurs eu la chance d'y rencontrer tous pleins de gens sympathiques dont les autres auteurs primés: Ludovic Vialla, Sébastien Pauchon, Laurent Escoffier et David Franck.


Oui, on va tous rentrer dans ce camion!
On allait d'ailleurs avoir la chance d'apprendre à bien se connaître! En effet, la suite consiste en un voyage de plus de 5 heures à 8 dans une minivan qui n'était clairement pas prévue pour déplacer une équipe de football. C'était pas trop mal, en fait, ces petites autos européennes semblent plus petites de l'extérieur que de l'intérieur. On était quand même bien heureux d'arriver, surtout après les détours dans le dédale d'autoroutes qui entoure Essen et Düsseldorf.


La chambre est tout de même plus grande qu'à Paris
Notre chambre d'hôtel nous cause un choc. En effet, après la minuscule chambre du 11ième, on se retrouve dans une des plus grandes chambres que j'aie vue. Il faut cependant noter qu'ici on paie tout, 25cents la minute pour internet, 4 euros la bouteille de Perrier, c'est cher! C'est luxueux cependant, et on trouve que c'est la grande classe... du moins jusqu'à ce que Sébastien allume la télé et que celle-ci synthonise automatiquement un des 4 postes porno de l'hôtel. Hmmm... Ils font de drôles de voyages d'affaire ces allemands.

Demain, c'est le Spiel qui nous attend avec ses 150 000 visiteurs et sa tonne d'exposants. J'ai bien hâte de voir ça!

Jour 4 - Paris


La journée s'annonce moins ensoleillée qu'hier, mais il ne pleut pas et il fait encore chaud. On est vraiment gâtés!


Une allée du Père Lachaise
Pour ceux qui ne l'ont pas encore deviné, j'aime marcher! Surtout à Paris, où les distances sont assez raisonnables et où il y a quelquechose à découvrir à chaque trois pas. Comme la plupart des musée sont fermés, j'ai donc décidé de consacrer mon mardi à la grande promenade touristique du tout-Paris! Ça commence avec le cimetière du Père Lachaise qui n'est pas très loin de notre hôtel. Un endroit magique, assez peu fréquenté par les touristes, où il fait bon découvrir la tombe d'un personnage célèbre au détour d'un chemin. Aujourd'hui, le ciel gris, le parfum d'automne et les feuilles qui couvrent les pavés créent une ambiance surréelle. J'ai vraiment l'impression de traverser les siècles.


Les escaliers de Montmartre
Je saute ensuite dans le métro pour aller visiter le Sacré-Coeur de Montmartre. Du haut de la butte on a une jolie vue sur Paris et je m'amuse à identifier les différents monuments. Pour redescendre, j'emprunte les petites rues qui sillonnent le quartier. Ici et là on trouve les jolis escaliers si souvent photographiés, mais dont je ne me lasse pas. Je reprend le métro, direction Trocadero et la tour Eiffel, toujours grandiose.


Les Champs Élisées
Je fais le reste à pied. J'emprunte l'avenue d'Iéna jusqu'à l'arc de triomphe, puis je descend les Champs Élisées en m'arrêtant dans une boutique de temps à autre. Face au Grand Palais, je trouve un petit parc en retrait et j'en profite pour lire un peu. Je contourne ensuite l'obelisque de la concorde, traverse sur la rive gauche, et emprunte le boulevard St-Germain.


Un rond-point et une facade dans le quartier latin
C'est la première fois que je me promène sur la partie ouest du boulevard St Germain. J'y découvre des dizaines de boutiques d'ameublement, certaines assez intéressantes. Je suis surpris, entre autre, de découvrir les chaises de cuisine de mes parents en plein centre d'une vitrine. Il faut savoir qu'ils ont ces chaises depuis plus de 20 ans. Comme quoi la mode... Après avoir souper dans un très bon restaurant indien du quartier, je complète la boucle en rentrant à notre hôtel. Une belle journée, mais j'ai besoin de souliers neufs!

Jour 3 - Paris


Aujourd'hui le soleil brille sur Paris. On a vraiment un temps superbe depuis qu'on est arrivé, et on a rapidement pris l'habitude de laisser les manteaux à l'hôtel.

Notre-Dame, la vraie pas le prochain jeu de Alea!
Comme je souhaite visiter le musée d'Orsay et que ce n'est pas trop le truc de Sébastien, on se sépare. Il ira écumer les boutiques du boulevard St Germain et moi je poursuis ma promenade le long de la Seine. J'en profite pour jeter un oeil à l'étalage des bouquinistes. J'en trouve un qui se spécialise dans les bouquins sur la deuxième guerre mondiale, un autre qui a tous les Paris Match, mais mon préféré reste celui qui offre des dizaines de livres sur les Échecs, le Go, le Bridge. Sympathique!

Les tuileries
Vous saviez que tous les musée de Paris ferment le mardi? Tous? Non! Quelquepart sur la rive gauche, le musée d'Orsay a décidé de joué les indépendants et ferme le lundi! Zut, je vais devoir trouver autre chose. J'avais pensé au Louvre mais il est un peu tard et je crains de ne pas en profiter assez. Je me souviens alors du musée de l'Orangerie, située dans un angle du jardin des tuileries. Ça ne paie pas de mine et ce n'est pas très grand mais je me souviens qu'il m'avait beaucoup plu. Les pièces maîtresses de ce musée sont les nymphéas de Monet, de gigantesques toiles qui présentent en panorama le jardin d'eau du célèbre peintre. Comme celles-ci sont exposées dans deux salles circulaires, on a vraiment l'impression de s'y trouver.

La pétanque dans les arènes de Lutèce
Malgré tout, j'ai préféré le reste de la collection, plus diversifiée. Renoir, Matisse, Picasso... Tous des tableaux qui se trouvaient dans la collection particulière de Paul Guillaume, un marchand d'art du début du siècle dernier. J'aime bien visiter un musée, ça donne l'occasion de vraiment s'arrêter sur des toiles que l'on voit trop souvent sans y prêter attention. Je ne connais pas grand chose aux arts, mais ils parviennent quand même à m'émouvoir d'une façon différente à chaque fois. Cette fois-ci, je ne sais trop pourquoi, je me suis arrêté longuement devant l'Odalisque à culotte grise de Matisse. Si vous le trouvez à un bon prix, vous pouvez me l'offrir! :)

Nos ancètres les Gaulois
Sébastien et moi se rejoignons et il décide de me montrer les Arènes de Lutèce. Des vestiges méconnus, enclavés entre les maisons, et ou on retrouve beaucoup plus de parisiens que de touristes. On déambule dans les rues avoisinantes, où je n'étais jamais passé, et on constate que c'est beau en mausus Paris! Pour terminer la journée, on va souper au restaurant Nos Ancètres les Gaulois, sur l'île St-Louis. Un genre de resto thématique au décor assez bien réussi. On y fait la connaissance d'un sympathique couple suisse et d'un duo de physiciens nucélaires qui n'ont pas leurs pareils pour animer une soirée!

15 octobre 2006

Jour 2 - Paris


Une journée qui commence tard alors qu'on se lève à 11h00. Le décalage horaire n'est pas facile à vaincre. Espérons qu'on fera mieux à Essen!


La place de la Nation
On commence encore tranquillement, espresso et tartine beurrée. Ensuite, après quelques détours dans le réseau de métro parisien, on arrive à se rendre à la porte de La Villette où on visite La Citée des Sciences. Un endroit impressionnant non seulement par sa taille, mais aussi par la qualité des expositions. La section sur les mathématiques, que j'ai vue il y a plus de 10 ans, n'est pas sans liens avec le choix de mon domaine d'étude.


La géode de la Cité des Sciences
L'endroit est bondé et pour cause: pour fêter ses 20 ans le musée offre l'accès gratuitement à tous. Malgré ça on ne se pile pas sur les pieds et on peut visiter à notre aise. C'est trop vaste pour qu'on puisse tout voir et nous laissons tomber certaines expositions. Malgré tout, on a pu remarquer un petit détail anodin qu'on ne trouverait pas chez nous.


Une distributrice à livres!
En effet, là où les américains auraient placé une distributrice à Coke, les Français ont préféré une distributrice... à livres! Mon préféré? "Des prothèses pour le cerveau." Je saurais à qui l'offrir celui-là! ( Non, si vous lisez ce blogue, ce n'est pas vous! ;) )


Chez Prosper on casse bien la croute.
On revient ensuite tranquillement à l'hôtel en métro et à pied. Nous avons rendez-vous avec une amie qu'on a réussi à contacter in-extremis. Notre "tatie parisienne" est vraiment trop chic et nous fait découvrir un petit bistro sympathique Place de la Nation. On y mange encore une fois très bien, je crois que c'est la mode ici... Après nous avoir fait une interprétation très réussie de l'accent québécois, Claire critique un peu les commentaires que j'ai tenu sur ce blogue à propos de la légendaire amabilité des parisiens. En effet, force est de reconnaître que jusqu'ici on n'a pas trouvé à redire. Est-ce que le réchauffement climatique aurait des effets positifs sur l'humeur des habitants de la ville-lumière? Hmmm... Trop de science aujourd'hui, je vais me coucher.

14 octobre 2006

Jour 1 - Montréal, Paris


La première journée est toujours très longue quand on arrive en Europe, surtout quand le vol décolle à 18h00 et arrive ici au petit matin.

Une facade typique sur le boulevard St Martin
Après avoir récupéré nos valises, Sébastien (mon beau-frère et ami collectionneur de jeu) et moi montons dans le RER, un genre de train-de-banlieue-métro. Petit problème: la billeterie ne fonctionne pas alors on ne peut acheter de billet. Bof, on y va quand même... Tout va bien jusqu'à ce qu'on tente de sortir à Place de la Nation. Il faut insérer le billet pour que les portes s'ouvrent et nous laissent passer! Évidemment, le samedi matin impossible de trouver un préposé. Super, on est coincé dans les souterrains. On s'en sortira malgré tout en se faufilant derrière quelqu'un. Au moins on se dit qu'on a sauvé le prix d'un ticket.

Le bassin du parc du Luxembourg...
Après avoir laissé les valises à l'hôtel (dans le 11ème arrondissement, contrairement à ce que j'ai dit précédemment), on sort prendre un petit café avec un pain au chocolat. Ah! Les petits bonheurs français! On pousse ensuite un peu plus loin, une marche qui nous emmène à travers l'Île St-Louis jusqu'au boulevard St Martin. Là on découvre un petit marché où on achète de quoi faire de bons sandwichs. On les mange tranquillement sur un petit banc dans le parc du Luxembourg, un très bel endroit.

...et le palais du Luxembourg!
On revient à l'hôtel pour y découvrir une chambre minuscule mais fonctionelle. En plus, contrairement à ce que je croyais, j'y ai un accès à Internet... Bon, il faut que je m'asseois dans l'escalier pour réussir à établir la connexion, mais ça fonctionne!

La vue depuis notre minuscule chambre
Après une sieste-éclair qui devrait nous permettre de vaincre le décalage horaire, on repart en métro vers le Quartier Latin où on se promène dans de jolies petites rues bondées de touristes mais au charme indéniable. Le petit bistro qu'on y choisit ne nous déçoit pas du tout: décor ancien pas trop chargé, bouffe excellente et à prix raisonnable. Vraiment, après avoir traversé les États-Unis et leur fast food, c'est une bouffée de fraîcheur!

Pas beaucoup de photos aujourd'hui, on a oublié l'appareil lors de notre périple nocturne. Pas beaucoup de jeux non plus, on a bien visité une boutique Descartes et une autre spécialisée en miniatures, mais en comparaison avec ce qui nous attend à Essen ça nous a laissé un peu froid. Pour ceux qui souhaitent entendre parler de jeu, rebranchez-vous mercredi alors que la remise de prix aura lieu à Boulogne-Billancourt.

11 octobre 2006

Essen... un peu de pub!


L'apogée de l'agenda ludique mondial, le Essen Spiel, se tiendra du 19 au 22 octobre en Allemagne. Je pourrais vous mentir en vous disant que j'y assisterai en ma qualité d'éditeur du célèbre blogue Les Plateaux. En vérité, on m'y a invité en tant qu'auteur du jeu Panama, un des gagnants du concours de créateaurs de Boulogne-Billancourt.

À ce sujet, j'invite donc tous les chanceux qui se rendront à Essen à assister à la remise officielle de ce prix :

Remise des prix, concours de Boulogne-Billancourt
(en présence des membres du jury)
Vendredi 20 octobre
16:00
Hall 10, Stand 62 (Stand de Ferti)
D'ailleurs, si vous êtes curieux de découvrir les jeux primés, ils seront présentés à ce stand pendant toute la durée de la convention. Venez donc essayer non seulement Panama, mais aussi Khronos récemment édité par matagot (stand 9-68) ainsi que La bonne soupe et Oklahoma dont on dit beaucoup de bien.

Pour ma part, je m'envole pour Paris ce vendredi. J'irai me promener dans la ville lumière pendant quelques jours, question de renouer avec la légendaire amabilité des parisiens. Mon petit hôtel du 15ième n'offre malheureusement pas l'accès à Internet, attendez-vous donc à ce que le site reste muet pendant quelques jours.

Notre hôtel d'Essen est cependant à la fine pointe, et j'y serai en mesure de vous faire de courts compte-rendus photo quotidiens de ma première expérience dans la mecque du jeu de société. Restez donc branché sur Les Plateaux pour suivre en direct mes péripéties!

10 octobre 2006

Sur un plateau -- Les Steambrothers


Pour cette troisième entrevue, j'ai décidé de revenir plus près de chez nous, au Québec. C'est donc avec un grand plaisir que j'ai contacté Pierre Paquet et Martin Sasseville, mieux connus sous le nom des Steambrothers. Je vous propose donc de découvrir deux joueurs sérieux, mais aussi deux sympathiques auteurs de jeux.

Biographie

Les Steambrothers ne sont pas de vrais frères comme peut le laisser supposer leur nom. En effet, Pierre Paquet est né à Québec en 1970 et y vit toujours, alors que Martin Sasseville est né au Saguenay en 1971 et vit maintenant à Québec. C'est dans un groupe de joueur de cette région qu'ils se sont rencontrés.

Comme bien d'autres joueurs, Pierre a plongé dans l'univers des jeux de société à travers le Monopoly et le Risk et, pendant son adolescence, Donjons et Dragons. Pas très original... Lors d'un cours d'histoire du niveau collégial il a découvert le jeu Diplomacy et c'est ce qui lui a fait connaître de vrais wargamers. Pendant plusieurs années son jeu fétiche fut Empires in Arms, un jeu monstre mais passionnant par sa combinaison de stratégie et de diplomatie. Certains membres de son groupe se sont par la suite convertis aux jeux européens de stratégie du style Colons de Catane, Tigris et Euphrate, Java, Tikal et Medieval Merchant. Il s'agissait en fait d'un des premiers groupes de Québec à s'intéresser à ce genre de jeux. Depuis, il fait parti d'un groupe de joueurs formidables qui se réunit deux fois par semaine et dont les intérêts sont très proches. Ils apprécient tout particulièrement les jeux de stratégie ayant une bonne profondeur tels qu'Age of Steam, El Caballero, Amun Re, Magna Grecia et Caylus.

Contrairement à ses confrères joueurs, la venue de Martin dans le merveilleux monde du jeu remonte à seulement 2 ans. En effet, c'est lors de son retour à Québec, où il avait résidé pendant ses études universitaires, qu'il tomba par hasard sur un ami du Saguenay qui lui présenta son groupe de joueurs du vendredi. Les débuts furent difficiles, Martin se faisant lessiver en règle face à ces machines du jeu. Il était bien loin du Monopoly et de Talisman, ses seules expériences précédantes. Il a donc appris à la dure les Age of Steam, Stephenson's Rocket, El Caballero et autres. Comme tout ce qui ne nous détruit pas nous rend plus fort, Martin a survécu aux vendredis et joue maintenant aussi les mardis soirs. (Merci aux épouses compréhensives.)


Les steambrothers devant les extensions d'Age of Steam qu'ils ont céés. À gauche Martin Sasseville et à droite Pierre Paquet.
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Entrevue

Philippe Beaudoin: Bonjour à vous deux, et merci de participer à cette entrevue. Nous savons déjà que vous êtes de grands amateurs de Age of Steam. Y a-t-il d'autre jeux de société que vous appréciez et auxquels vous excellez?

Pierre Paquet: Je crois que je peux parler pour Martin en disant que nous apprécions beaucoup les jeux de la catégorie "heavy games". Nous aimons surtout ceux qui offrent une excellente rejouabilité et dont la partie hasard est très faible. Nos préférés dans cette catégorie sont Amun Re, Magna Grecia, El Caballero, Mexica, Java, Caylus, La Città, Clippers, Reef Encounter, Goa, Wallenstein et bien entendu Age of Steam. Pour ce qui est des jeux plus légers, nous jouons régulièrement à Ra et Through the Desert. Nous apprécions particulièrement le fait qu'ils sont court, qu'ils ont une thématique très agréable et que nous pouvons contrôler une bonne partie du jeu malgré le hasard qui est beaucoup plus présent.

Martin Sasseville: Nous performons assez bien dans tous ces jeux mais il est difficile de connaître son niveau sans avoir joué plusieurs parties avec d'autres groupes. Alors on ne se prononcera donc pas trop avant d'avoir essayé ces jeux au cours de conventions ou de fins de semaine ludiques. Avant notre premier tournoi de Age of Steam de la WBC en 2005, nous n'avions aucune idée du calibre de jeu de notre groupe et nous y allions sans aucune attente particulière. Finalement, cet événement nous a permis de voir que nous avions bien progressé depuis nos débuts mais que nous devions continuer à perfectionner nos techniques.

Nous le répétons souvent mais nous croyons que nous sommes privilégiés d'avoir un groupe de joueurs qui a autant d'intérêts en commun. Nous aimons essayer le même jeu à plusieurs reprises pour en voir le plein potentiel et développer nos habiletés.


PB: Cette idée de se spécialiser dans certains jeux n'est pas fréquente dans le microcosme ludique, où l'on préfère souvent l'attrait des nouveautés. Croyez-vous être plus compétitifs que les joueurs que l'on croise généralement dans les rencontres ludiques?

PP: Tu as raison de mentionner que ce n'est pas fréquent de rencontrer des groupes de joueurs qui aiment approfondir certain jeux en particulier. C'est pourquoi nous nous considérons très chanceux d'avoir un groupe comme le nôtre.

Il y a quelques années nous pouvions essayer un ou deux nouveaux jeux par semaine, parfois même avant leur publication officielle. Nous étions parfois découragés de découvrir une bonne nouveauté mais de ne pas pouvoir développer sa stratégie. Ça demande quand même beaucoup d'énergie et de temps pour apprendre un nouveau jeu. Malgré tout nous essayons encore des nouveautés mais nous les trions en lisant les commentaires et lorsque c'est possible nous lisons les règles. Le nombre de nouveaux jeux publiés à chaque année est impressionnant mais il y en a peu que nous considérons comme excellents. Pour résumer, nous préférons la qualité à la quantité.

Je ne sais pas si nous sommes plus compétitifs que d'autres groupes car nous n'avons pas participé à beaucoup de conventions. Par contre, je peux te dire que nous donnons toujours notre 110% lorsque nous jouons et que nous savons apprécier la qualité d'un joueur même si un coups est joué contre nous. C'est de cette façon que nous parvenons à nous améliorer. Notre groupe de joueurs se réunit depuis plusieurs années et nous avons toujours le même plaisir.

MS: On ne peut pas dire qu'on ait choisi d'écarter les nouveautés pour se spécialiser dans certains jeux. C'est plutôt venu de la chimie de notre groupe qui préfère jouer à de bons jeux connus et les approfondir au lieu d?essayer une pléiade de nouveaux jeux inconnus. Comme le mentionnait Pierre, ça prend beaucoup de temps pour expliquer et essayer un nouveau jeu. Ce qui est le plus décevant, c'est de voir qu?après 20 minutes d?explication et 60 minutes de jeu, on s'aperçoit qu?il est mal balancé ou qu'on a manqué une règle importante. Nous avons donc privilégié un certain nombre d'excellents jeux.

Au niveau compétitivité, nous avons nos préférés dans lesquels nous performons bien et dont nous avons pu comparer nos forces particulièrement lors du WBC. Pour moi, le principal n?est pas de gagner à tous prix mais de bien jouer en m'améliorant et surtout de m'amuser.


PB: C'est une approche intéressante, qui permet de prendre un peu de recul face au rythme effrené auquel sortent les nouveautés. Est-ce cette même philosophie qui vous a poussée à créer des extensions pour Age of Steam plutôt que de vous lancer dans la création de nouveaux jeux?

MS: En fait, c'est Pierre qui est arrivé un jour avec une extension qu'il avait bricolé à partir de photocopies. Nous l'avons joué et trouvé très intéressante. Cela ajoutait encore plus de rejouabilité à notre jeu préféré. Nous avons alors eu plein d'idées pour de nouvelles règles et de nouvelles cartes ce qui nous ont amené à poursuivre sur cette lancée. Bien sûr que l'élaboration d'un nouveau jeu complet serait un défi des plus stimulant à relever. En fait, nous avons jeté, avec des membres de notre groupe, les bases d'un tel jeu. C'est Marc-André qui planche dessus en ce moment. Pour l'instant nous nous concentrons davantage sur nos extensions d'Age of Steam vu la forte demande des fans du jeu.

PP: Age of Steam a toujours été un des jeux favoris de notre groupe pour de nombreuses raisons dont son excellente interactivité et son niveau de rejouabilité. C'est probablement la raison pour laquelle nous avons entrepris ce projet sur ce jeu. De plus le fait d'avoir autant de personnes passionées pour ce jeu nous motive encore plus. C'est vraiment intéressant de développer ce projet en équipe avec Martin car nous avons la même motivation.

PB: J'ai joué à votre extension Brésil et j'ai trouvée très intéressante l'idée du El Presidente, qui permet de lever un impôt chez tous les joueurs dont un cube transite par Buenos Aires. Pouvez-vous nous parler des autres petites règles originales, comme celle-ci, que vous prévoyez intégrer à vos prochaines extensions?

PP: Les Steambrothers prévoient un deuxième ensemble d'extension Age of Steam pour les prochains mois. Nous n'avons pas encore fixé les 4 cartes qui seront choisies à cette occasion mais nous ferons ce difficile exercice bientôt. Voici quelques unes des extensions qui pourraient être incluses avec la règle prinicipale reliée a ces cartes: Mexique: nationalisation, Cuba: exportation, Inde du Nord: mousson, Russie: révolte, Portugal/Espagne: insurrection. Ces cartes sont prêtes et ont été présenté à John Bohrer de Winsome Games.

Nous n'avons pas encore fixé de dates de publication car nous préparons actuellement une réimpression à grand tirage de nos premières cartes pour notre distributeur américain Boards and Bits. Nous ne voulons pas sursaturer le marché en offrant trop d'extensions Age of Steam en même temps.

MS: En effet, nous avons un choix difficile à faire. Nous allons probablement nous baser sur la complémentarité des extensions. C'est-à-dire des règles spéciales très différentes ainsi qu'un nombre de joueurs optimal différent. Par exemple Cuba est pour 3 ou 4 joueurs alors que Russia permet de faire jouer jusqu'à 8 personnes. Toutefois, comme dans la plupart des forums nous lisons que les groupes d'Age of Steam sont de 3 ou 4, nous ne sommes pas sûr d'inclure Russia dans notre prochaine édition. D'autant plus que des composantes supplémentaires sont nécessaires pour cette carte. Bref, un choix déchirant que nous effectuerons d'ici un mois ou deux.

Pour ce qui est des règles spéciales, notre philosophie est qu'une nouvelle extension doit contenir une idée fraîche mais qui respecte l'essence du jeux et colle également à la réalité historique du pays décrit. Et oui.. nous sommes un peu puriste pour cette chose ;-).


PB: Wow! Vous vous lancez dans les grands tirages! Moi qui croyais que vous vous limitiez à la production artisanale à petite échelle. Pouvez-vous nous raconter un peu le parcours de vos créations: les différentes étapes, les défis que vous avez eu à relever?

MS: Comme je l'indiquait plus tôt, le tout a commencé simplement lorsque Pierre a apporté sa première création qu'il avait bricolée. Ça m'a donné le goût de la refaire avec le look Warfrog. Je me suis donc mis au travail et j'en suis venu à la version que vous connaissez. Nous avons alors poursuivi avec de nouvelles extensions que l'on jouait avec notre groupe. Comme Pierre était beaucoup présent sur les forums de jeux, il a fini par parler avec John Bohrer de Winsome Games, celui qui possède les droits sur Age of Steam. De fil en aiguille, nous lui avons fait parvenir nos extensions pour qu'il les joue. Il a été agréablement surpris par la qualité des cartes et l?originalité des nouvelles règles. Nous nous sommes finalement rencontrés à Lancaster en Pennsylvanie au World Boardgaming Championship. C?est quelques semaines plus tard qu'il a lui même annoncé la disponibilité de nos extensions pour la vente sur internet. Nous avons alors commencé à prendre des commandes et nos premières impressions se sont écoulées en moins de deux semaines. L'engouement des joueurs a été tel que notre deuxième tirage était déjà vendu avant la fin de son impression. Puis ce fut Boards and Bits qui a pris contact avec nous pour une autre impression. Les kits se sont également envolés très rapidement et la demande fut telle que nous en sommes rendus à un quatrième tirage.

PP: Nous avons eu plusieurs défis pour arriver à compléter le projet. Au départ, John Bohrer nous offrait de nous rendre à Essen pour vendre nos extensions mais nous ne pouvions nous déplacer à cette période de l'année. Nous avions alors remis le projet mais par la suite. nous sommes parvenus à convaincre John Bohrer de vendre ces extensions par internet. Je crois que notre première rencontre avec John Bohrer au WBC fut très fructeuse car cela nous a permis de savoir avec quelle genre de personne nous traitions. Nous lui avons fait confiance et il a fait de même avec nous en nous permettant de vendre des extensions Age of Steam directement au public.

Au niveau de la qualité du produit, nous voulions absolument respecter un haut standard tout en offrant un prix raisonnable. Nos premières démarches auprès d'imprimeurs nous découragèrent un peu car les prix étaient très élevés si on considère le petit nombre de copies prévus. Grâce à Martin nous avons trouvé un bon compromis au niveau de la qualité du produit et je crois que nous avons réussi si nous nous fions aux commentaires reçus par nos clients.

Une autre difficulté fut de répondre aux commandes des clients qui furent si nombreuses lors des premières semaines. Nous savions qu'il y avait un intérêt certain pour Age of Steam mais nous avons été débordé. La réception des paiements, la communication avec les clients et la préparation des paquets représentent une somme de travail considérable si l'on considére que nous avons un autre travail à temps plein. Les commandes à plus grand tirage de Boards and Bits nous ont permis de nous concentrer sur le développement des futures extensions.

Nous avons rencontré bien d'autres difficultés mais nous avons appris énormement au cours de ce processus. L'important est le résultat que nous avons atteint et les messages d'encouragement que nous recevons des quatre coins de la planète nous incitent à continuer.


PB: C'est un bien beau projet, et je trouve que John Bohrer a été très inspiré de laisser des amateurs comme vous enrichir l'univers de Age of Steam. Pour terminer cette entrevue, je vous demanderais de choisir un jeu et de me donner une courte explication pour chacune de catégories suivantes. Vous ne pouvez pas répondre Age of Steam!

1) Un jeu que votre groupe a essayé et auquel il ne veut plus du tout rejouer?

MS: Arkham Horror. Un soir nous sommes arrivés chez l'hôte du moment et il avait préparé ce jeu. Nous avons passé 4 heures des plus pénibles à avoir le nez dans le livre des règles à chaque mouvement avec un contrôle et une interaction presque nuls sur notre personnage et entre les personnages. Vous auriez dû voir le visage de Pierre passer 5 tours à acquérir un objet spécial et le perdre immédiatement le tour suivant sur un lancé de dé...

PP: Nous avons eu des mauvaises expériences de jeux à nos premières années mais si je me souviens bien c'est aussi au cours de ces occasions que nous avons découvert d'excellents jeux tels que Age of Steam, Roads and Boats, Wallenstein, El Caballero, Medieval Merchant, Java, Tikal, Ursuppe, Puerto Rico. Merci Martin pour le rappel d'Arkham Horror, j'avais presque oublié cette partie :).

2) Un jeu auquel vous ne performez pas?

MS: Je n'ai jamais essayé mais je suis sûr que je me ferais massacrer dans un Wargame, style World in Flames. En effet, je ne suis pas très porté sur les jeux de stratégie à très long terme avec la diplomatie et tout.

PP: J'ai beaucoup de difficulté dans les jeux auxquelles la partie hasard est prépondérante tel que Risk. Nous aimons bien terminer nos soirée de jeux plus légers mais ceux-ci comportent tout de même une partie dans laquelle nous contrôlons notre sort.

3) Le meilleur jeu pour jouer dans la voiture, en route pour le World Boardgaming Championship à Lancaster?

MS: Et bien lors de notre premier voyage en 2005, on m'avait donné un "petit" défi; faire un Age of Steam de voyage. Alors j'ai relevé le défi et j'ai réalisé une version magnétique complète à l'échelle 80%. Pour 2006, dans le but de nous donner un peu de diversité, j'ai réalisé une version complète de Ra elle aussi magnétique. On a eu beaucoup de bon temps avec ces deux jeux durant nos voyages.

PP: Comme Age of Steam n'est pas permis dans le choix de réponse et comme Martin n'a pas été en mesure de fabriquer plus de deux jeux de voyage :) mon choix se porte sur Ra. Lors de notre dernier voyage au WBC nous avons eu beaucoup de plaisir avec Ra. Il s'agit d'en excellent jeu d'ambiance.

4) La meilleure extension d'Age of Steam qui n'est pas de vous?

MS: J'adore l'Allemagne avec sa gestion de la construction différente et ses villes qui changent de couleur à chaque partie.

PP: La carte Angleterre semble très simple mais elle est toujours très excitante. Pour moi le fait que des règles aussi simples ont permis d'ajouter autant de plaisir ont été très inspirantes. Cela m'a confirmé qu'une nouvelle carte et quelques ajouts de règlements font que ces extensions sont un peu comme un nouveau jeu.

5) Un jeu où on ne connaît jamais le vainqueur avant le dernier tour?

MS: Dans notre groupe, on peut dire que la plupart du temps on ne connait pas le vainqueur avant la fin car nous sommes tellement du même calibre que les parties se finissent souvent avec de très faibles écarts entre le premier et le dernier.

PP: Nous préférons le genre de jeu ou le suspense est présent jusqu'au dernier tour. Je pourrais te nommer certains de ces jeux tels que Stephenson's Rocket, Traders of Genoa, Amun Re, Magna Grecia, Vino, Attika.

PB: Merci beaucoup, Martin et Pierre, de nous avoir accordé cette entrevue! Bonne chance dans vos projets d'extensions et pour conserver le titre de champion de Age of Steam!

PP et MS: Merci Philippe de l'intérêt démontré pour les Steambrothers. Nous sommes honorés d'avoir été interviewé et surtout par un Québécois qui partage la même passion des jeux que nous. Espérons que nous aurons l'occasion de te rencontrer bientôt en personne.

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03 octobre 2006

Un auteur de jeu en tournée au Québec


Quand on lit le communiqué de presse, on se demande presque si le marché du jeu de société n'a pas dépassé, en importance, celui de la littérature ou de la musique pop. C'est qu'on y décrit le jeu Blokus et son auteur, Bernard Tavitian, avec un nombre impressionant de superlatifs. Moi même, qui apprécie beaucoup le jeu, ne peut m'empêcher de frémir devant une manoeuvre commerciale qui va jusqu'à comparer Blokus au jeu de go!

Je ne vous aurais d'ailleurs jamais relayé cette information, glânée sur l'incontournable Ludigaume, si on n'y annonçait pas une nouvelle fort réjouissante pour nous. En effet, Tavitian a décidé de passer au Québec pour présenter le nouveau né de sa gamme: Blokus Trigon. L'auteur du jeu sera donc au Tour de Jeux du Centre Eaton à Montréal le jeudi 5 octobre en après-midi. Le vendredi il sera à Québec, au magasin Jouets en fête de la Galerie de la Capitale, tandis qu'il sera le samedi à la boutique Franc jeu de la Place Rosemère (à Rosemère, j'imagine...)

On dit aussi qu'il est disponible pour rencontrer les médias. Il y a d'ailleurs fort à parier que ceux-ci se laisseront accrocher par le fait que "le numéro 1 mondial sur [le site web de Blokus] est un canadien surdoué de 11 ans".