31 août 2006

Jeux et littérature - L'éditeur


L'édition littéraire constitue la spécialisation de la faculté de littérature de l'Université de Sherbrooke, là où j'ai étudié. Malheureusement pour moi, il ne s'agit pas une branche que j'affectionne beaucoup; je la trouve trop loin des textes. Heureusement, je peux aujourd'hui transposer ces connaissances dans un autre domaine. Le verbe "transposer" m'apparaît adéquat, car j'ai eu relativement peu de contacts avec des éditeurs ludiques et une certaine partie de ce que j'avance ici, je l'ai déduit. J'aborde ce sujet pour deux raisons. Premièrement, pour traiter prochainement la théorie des champs de production de Pierre Bourdieu, un aspect bien plus intéressant. Deuxièmement, pour éclaircir les lecteurs sur les rôles que joue un éditeur et surtout sur ceux qu'il ne joue pas! Je sais que plusieurs s'adonnent à la création et devront avoir affaire avec un éditeur, s'ils ne le deviennent pas carrément.

Villa Paletti
Villa Paletti
On méconnaît les éditeurs: on les confond avec le distributeur, on les considère tous pareils, quand on ne les oublie pas. Ils occupent une position plutôt inconfortable, souvent victimes de préjugés. "Ils ne savent pas reconnaître mon talent." "Il faut se battre contre eux pour préserver l'intégrité de notre oeuvre." "Ils s'enrichissent sur le dos des créateurs sous-payés." Plusieurs histoires d'horreurs circulent à leur sujet. Malheureusement, certaines s'avèrent véridiques... Il y a quelques années, des oeuvres d'Anne Hébert, célèbre écrivaine québécoise, ont été soumises à plusieurs maisons d'édition sous forme de manuscrit. On avait simplement changé les titres et les noms de personnages pour éviter que les comités de lecture reconnaissent trop facilement le canular. Aucun éditeur ne les a retenus, pas même celui qui préparait, à l'époque, une réédition de ces mêmes oeuvres! J. K. Rowling, auteure de la célèbre série Harry Potter, a essuyé un nombre incalculable de refus. Aujourd'hui, sa fortune surpasse celle de la reine d'Angleterre. Plus près de nous, dans le monde ludique, 17 éditeurs ont boudé Villa Paletti, avant que Zoch n'en fasse le Spiel des Jahres 2002. Reiner Knizia, l'auteur le plus publié à ma connaissance, déclare avoir "supplié" pour publier ses premiers jeux. Quel éditeur aujourd'hui refuserait un de ses prototypes? Au-delà de ces tristes anecdotes, il existe un métier exigeant et des personnes humaines le pratiquant. Contrairement à l'opinion reçue, la très grande majorité de ces entreprises survivent uniquement grâce à la passion, au dévouement et aux sacrifices de ceux et celles qui les dirigent. Et oui, les "success stories" demeurent les exceptions confirmant la règle. Selon Steve Coles, auteur et éditeur américain depuis 1974, à l'origine, entre autres, du très connu Star Fleet Battles, rappelle que la moitié des éditeurs de jeux cessent leurs activités dans les deux premières années, principalement pour des raisons financières. De ceux qui restent, 50 % subissent le même sort dans les 5 années suivantes.

Choisir...
Choisir...
Choisir
L'éditeur est la personne que l'auteur rencontre dans l'intention de faire publier son livre. Tout d'abord, il prend connaissance du manuscrit qu'on lui soumet. Dans le domaine ludique, ce manuscrit équivaut parfois au prototype, mais plus souvent au livret de règles. La présentation doit être soignée, car la plupart des éditeurs reçoivent des quantités astronomiques de propositions et se voient dans l'obligation de repérer et d'éliminer rapidement plusieurs candidats. Voilà pourquoi on effectue un premier tri dès la réception. Il y a de multiples raisons d'écarter une soumission. Certains éditeurs ont déjà leurs auteurs; ils n'en acceptent pas de nouveaux. D'autres ne fonctionnent que par contact, ils ne publient que des écrivains qui leur sont référés par des connaissances. En fait, l'édition dite "extérieure", d'auteurs inconnus tentant leur chance, ne représente qu'une infime fraction. La présentation sert également de critère de discrimination.

Par la suite, l'éditeur écarte les oeuvres qui ne correspondent pas à sa "politique éditoriale". Qu'est-ce qu'une politique éditoriale? Grosso modo, il s'agit des lignes directrices que se donne un éditeur lorsque vient le temps de choisir. Il y a autant de politiques éditoriales qu'il y a d'éditeur. Certains, comme Gladius (Gangster, Raconte-moi une histoire), visent le grand public; d'autres, à l'exemple d'Avalon Hill (RoboRally, Diplomacy), s'adressent davantage aux joueurs confirmés. Ferti, la maison derrière Pitchcar, Siam, Passe-Trappe, Le mur de Pise, produit des jeux au matériel particulier, c'est le moins qu'on puisse dire quand on regarde le petit dernier, Whoopies! On comprend les implications d'une telle politique dans le demi-échec du concours JsP Project par lequel on offrait la chance aux amateurs de se faire éditer, ce qui n'arriva pas. Les deux éditeurs associés, Days of Wonder et Asmodée, trouvaient, à juste titre, que les prototypes finalistes ne correspondaient pas à leur ligne éditoriale, tournée vers les jeux familiaux, plus abordables que les lourdes créations retenues.

En littérature, les maisons d'édition ne font pas tout. Elles choisissent parmi un nombre très élevé de possibilités: romans de toute sorte, poésie, manuel scolaire, philosophie, psychologie populaire, dictionnaires, cuisine, tourisme, bricolage... Vous n'avez pas idée de ce qu'on trouve dans une librairie quand on en fait le tour!
De façon générale, plus l'éditeur est petit, plus il se spécialise, et vice versa. La Pastèque, connue surtout pour la publication des histoires de Paul par Michel Rabagliati, ne fait paraître que de la bande dessinée. Et au compte goutte. Un peu moins de 40 en 8 ans. Au contraire, le géant Québécor, l'éditeur de cette multinationale bien connue, aborde des sujets variés: alimentation, biographies, ésotérisme, histoire, humour, guides pratiques, romans, sexualité, sports, etc. De la même manière, on retrouve plus de diversité dans les produits de Ravensburger, "l'ambassadeur" allemand, que chez Lui-même, la boîte de Philippe des Pallières, l'homme derrière les Loups-garous. Ainsi, on comprend maintenant pourquoi Villa Palleti a éprouvé tant de difficultés à trouver une niche. Rares sont les éditeurs qui désirent se lancer dans la production de telles pièces de bois. On peut même supposer que la plupart des testeurs ont aimé le jeu, désiraient le publier, mais qu'étant données les habitudes de la compagnie, on a préféré passer.

Ensuite, si le manuscrit ou le prototype survit aux premiers élagages, l'éditeur le soumet à son comité de lecture, qui le survole rapidement pour s'assurer qu'il vaut la peine qu'on s'y attarde. Dans un cas, on lit quelques pages au hasard d'un roman qui en contient peut-être des centaines et dans l'autre, on prend connaissance des règles, sans nécessairement jouer. Puis, si l'oeuvre traverse ces deux "passoires", l'éditeur complète sa lecture ou joue enfin. Parmi les candidats restants, il choisit ceux qu'il publiera ou qu'il pourrait publier dans la prochaine année, sous certaines réserves, certaines corrections...

Corriger...
Corriger...
Corriger
Un éditeur exige généralement certaines modifications. Celles-ci visant des buts divers: peaufiner l'oeuvre, la rendre plus conforme aux politiques éditoriales et aux demandes du marché visé. Ce processus, vous le devinez, se déroule parfois dans l'harmonie et la bonne entente, mais parfois les choses se corsent. Dominique Demers, célèbre écrivaine pour la jeunesse (à l'origine des films de Mademoiselle C., avec Marie-Chantal Perron), est passée de la Courte échelle à Québec/Amérique parce que le premier refusait qu'une de ses jeunes héroïne ait un enfant. N'oublions pas que l'éditeur demeure aussi un lecteur, un joueur! Par conséquent, il constitue une bonne critique. Un jeu ou un livre n'est jamais complètement terminé. On se retrouve toujours devant certains choix déchirants - de mots ou de mécanismes -, on peut toujours donner une dernière retouche, tester une nouvelle variante. Patrick Nicol, sympathique collègue et écrivain, me disait justement que "l'on publie pour arrêter de retravailler ses oeuvres!"

Si je défends beaucoup les éditeurs dans cet article, je constate quand même qu'ils ont leurs petits défauts. Ils ne révisent pas adéquatement les règlements, qui regorgent souvent d'erreurs de français, de maladresses syntaxiques, d'ambiguïtés et de contradictions sur certains points. En témoignent les Foires aux Questions, FAQ, fréquemment mises-à-jour, les précisions, les discussions, et les innombrables variantes proposées par certains joueurs qui visent à corriger certains défauts plus ou moins flagrants. À cet égard, si Fantasy Flight Games remporte la palme des erratas et des révisions de règles (notamment avec Warcraft: The Board Game, Descent: Journeys in the Dark, Doom et Twilight Imperium 3), il faut avouer que cette compagnie travaille énormément en écoutant son public pour répondre à ses exigences. Je reconnais par ailleurs que l'écriture d'une règle constitue un exercice de rédaction des plus complexes. Tentez l'expérience, vous verrez.


Réaliser...
Réaliser...
Réaliser
À l'origine, il y a l'idée, le texte, les mots, les mécanismes, la quête, en un mot: l'abstrait. Manuscrit et prototypes restent des supports, des béquilles, une aide pour apercevoir, de très loin, à quoi ressemblera le produit. L'éditeur réalise la chose qui se vendra... Enfin, espère-t-il. Il choisit un format, une couverture, un illustrateur, une illustration, une typographie, une quatrième de couverture (le dos - du livre ou de la boîte), rédige un résumé convenable, demande des soumissions à plusieurs imprimeurs, place une commande, convient d'un premier tirage, gère les défauts de fabrication, détermine un prix de vente, prépare la publicité, le document de presse, etc. La liste n'est pas exhaustive. Chaque étape compte son lot de pièges, de situations pouvant mal tourner. Chaque décision ayant des répercussions importantes. L'illustration attirera-t-elle les regards et l'envie du consommateur? Donne-t-elle une bonne idée de l'ambiance du jeu? Remarque-t-on le nom de cet auteur connu sur la boîte? Est-ce que les gens voudront payer aussi cher un jeu strictement pour deux? Chaque fois, c'est un pari risqué. Éric Hautemont de Days of Wonder a fait le pari que ses jeux se vendraient malgré un prix très élevé, si le consommateur les désirait vraiment, se sentait irrésistiblement attiré. James Earnest de Cheapass games croit que les joueurs achèteront des jeux à l'esthétique douteuse avec un matériel incomplet et de qualité moindre si le prix reste très bas. L'histoire montre que les deux avaient raison. Mais combien se sont trompés? Combien de jeux fabuleux ont été pilonnés pour faire de la place aux nouveautés simplement parce que la couleur de la boîte répugnaient l'acheteur?

Mettre en marché...
Mettre en marché...
Mettre en marché
Contrairement à ce que plusieurs s'imagine, l'éditeur ne vend pas aux commerçants et aux boutiques. Ce n'est pas son travail, c'est celui du distributeur (notez que certains éditeurs se distribuent eux-mêmes, mais il s'agit d'une minorité). La tâche du distributeur m'a toujours paru curieuse, surtout de par son nom. Le distributeur entrepose bien plus qu'il ne distribue. Le distributeur se charge de rencontrer les gérants de boutiquse sur une base plus ou moins régulière pour leur vendre les jeux de plusieurs maisons d'édition. Par conséquent, ce n'est pas cette compagnie qui distribue - livre à proprement parler, mais bien Canpar, FedEx, Purolator, UPS et bien sûr la poste traditionnelle. L'intervention de cet intermédiaire apporte des conséquences positives et négatives selon moi. Tout d'abord il faut majorer le prix de 10 pour cent. Parce que le distributeur doit aussi prendre sa part. Ensuite, puisqu'il représente plusieurs maisons d'édition à la fois, il ne connaît pas toujours bien tout son matériel et peut facilement oublier ou négliger certains produits. Par contre, il évite à l'éditeur de parcourir le monde chaque mois pour rencontrer tous les gérants de boutiques. Ces mêmes gérants de boutiques n'auraient pas, non plus, le temps de rencontrer des centaines d'éditeurs. Ils peinent déjà avec une poignée de distributeurs.

Payer...
Payer...
Payer
L'éditeur paie l'auteur, le fabriquant des pièces du jeu, le fabriquant de boîtes, le distributeur, le transporteur. Il paie aussi la publicité: les annonces faisant vivre les magazines comme Des Jeux sur un Plateau, TricTrac, Board Game Geeks, les posters, les bandes-annonces comme celles de Ca$h ?n gun$ et London 1888, du grand art, son stand dans les conventions et les articles promotionnels, dont les copies de démonstration. N'oublions pas les frais d'hébergement du site web, son concepteur, ses employés le mettant à jour et répondant gentiment aux questions dont les réponses se trouvent déjà dans la FAQ, les gens qui développent des versions en ligne. Que reste-t-il? Pas grand chose, surtout après les comptes de téléphone, d'électricité, de photocopies. De quoi vivent donc les éditeurs? De jeux et d'eau fraîche?

[ Table des matières, Précédent ]

24 août 2006

Jour 11 - Cleveland, Syracuse, Montréal


La dernière journée, le retour... Beaucoup moins excitant que d'arriver à Vancouver, mais on commence quand même à avoir hâte de rentrer chez nous. C'est pourquoi Ève-Marie et moi sommes sur pieds avant les enfants. Ceux-ci ne tardent pas à nous rejoindre cependant, et on saute dans la voiture pour 900km de route.

Un resto de fast-food à l'ancienne, sacrés américains.
Cette fois on est plus chanceux qu'hier. Les bouchons sont tous vers l'ouest. Ouf! On suit donc la 90 jusqu'à Syracuse en n'arrêtant que pour changer de conducteur et faire le plein. Vous n'êtes pas obligés de me croire, mais les enfants n'ont encore une fois pratiquement pas chialé! J'ai voyagé avec certains adultes pas mal moins agréables à cotoyer dans un road-trip. On a vraiment une équipe du tonnerre!

Les mille-îles vues du pont
À Syracuse, on arrête pour dîner. Incapable de sentir un autre BigMac on opte pour le Cracker Barrel, une chaîne qu'on ne connaît pas mais qui ne se spécialise pas dans les burgers. C'est rare. Bizarre mélange de bouffe à l'ancienne et de fast-food. On reçoit le ragoût et la tranche de dinde en moins de 5 minutes! Au moins c'est pas mal, et les patates pilées remplacent avantageusement les frites.

Les champs familiers de l'Ontario
On repart une heure trente plus tard, sur la I-81 cette fois. Nous traversons le pont des mille-îles et croisons la frontière en un temps record: aucune voiture et trois postes de douane d'ouverts. Incroyable! Nous sommes maintenant en Ontario, à 250 km de Montréal. Autant dire qu'on est rendus, et c'est un peu l'euphorie dans la voiture. Ça fait du bien de rentrer.

Arrivée à Montréal dans le soleil couchant
Nous entrons dans la ville vers 7h00 et constatons deux choses: 1) les routes québécoises sont vraiment atroces; 2) et n'ont d'égales que les conducteurs Montréalais. D'un océan à l'autre et on ne s'est fait couper que deux fois, soit dans les 30 dernières minutes. Bon, c'est oublié maintenant que je suis devant mon ordinateur avec mon petit verre de scotch à écrire ces dernières lignes. J'espère que vous avez apprécié lire ce carnet de voyage autant que j'ai aimé l'écrire. À bientôt!

Jour 10 - Wisconsin Dells, Ottawa, Cleveland


Départ du camping à 8h30, soit à l'instant même où la pluie commence à tomber sur Wisconsin Dells. Hier on profitait du beau temps aux glissades d'eau et aujourd'hui, première journée où on se lève avant 9h00, on parvient à ranger toutes nos affaires juste avant la pluie. On est chanceux, non? Hmmm... Attendez de lire la suite.

Est-ce cette ferme qui vaut à la Sauk Trail son appelation "scenic byway"...
En fait, c'est la journée des catastrophes routières. Ne vous en faites pas, on n'a pas fait d'accident, si ce n'est le lait au chocolat que Jérôme a renversé dans la voiture. Non, le problème c'est qu'on a zigzagué toute la journée!

...ou est-ce plutôt cette roulotte à patates?
Bon, le Ottawa dont je parle dans le titre n'est pas celui que vous connaissez. Il s'agit plutôt de la mégapole de Ottawa, Illinois. Il n'en reste pas moins que de nous conseiller de passer par cette ville n'était probablement pas la meilleure suggestion que pouvait nous faire la petite madame du bureau d'informations touristiques. Je peux bien croire qu'il y a des constructions dans le coin de Chicago, mais est-ce que ça justifie vraiment un détour de près de 60 milles? On ne le saura jamais, mais c'est un peu désespérant de descendre constamment vers le sud alors qu'on souhaite aller vers l'est.

Enfin l'autoroute!
Le pire, c'est que le détour suggéré n'est pas exempt de constructions. C'est à croire qu'ils ont décidé de refaire d'un coup toutes les routes de l'Illinois! En fait, en voyant le panneau indiquant "expect long delays" en bordure de l'autoroute, on décide de suivre à nouveau les indications de la petite madame et d'opter pour la Sauk Trail, un boulevard "scénique" situé à quelques milles au sud. En fait, je doute que le retard sur l'autoroute ait été à la hauteur du retard qu'on a pris en déviant de notre route, puis en frappant feux rouges sur feux rouges, puis en se butant à un accident paralysant complètement la circulation. Enfin, après un petit raccourci à travers des stationnements de centre-d'achats, on finit par s'extirper de ce dédale et on revient sur l'autoroute. Ouf, ça devrait être terminé...

Coucher de soleil sur I-90
...C'est sans compter sur l'accident d'un énorme camion-remorque, quelquepart en Ohio, qui bloque complètement l'autoroute pendant de nombreuses minutes. On a ainsi droit à un coucher de soleil sur la I-90 et, pour la première fois du voyage, on conduit à la noirceur. Malgré toutes ces péripéties on se rend finalement dans la banlieue est de Cleveland. Cette trop longue ballade nous a au moins permis de constater à nouveau que nos enfants sont des anges. Ils n'ont en effet pratiquement pas chiâlés malgré qu'on ait passé plus de 10h30 dans la voiture. J'espère qu'ils seront aussi patients demain, alors que nous souhaitons nous rendre directement à Montréal.

[ Itinéraire 1 2, Précédent, Suite ]
[ Table des matières ]

Jour 9 - Wisconsin Dells, Noah's Ark, Wisconsin Dells


C'est la première fois que nous ne faisons pas de route, et nous avions un peu oublié le bonheur simple de coucher deux soirs de suite au même endroit. En fait, je me sens un peu comme Le Vagabond: J'peux pas rester l'temps d'un sourire il faut partir. Aaah, quelle bonne série!

Jérôme et son papa dans la rivière sans fin
Aujourd'hui, le temps est parfait pour le Noah's Ark: le plus gros parc aquatique de l'amérique! En effet, il fait chaud et de petits nuages constellent le ciel question de nous fournir un peu d'ombre. Ève-Marie et moi profitons du fait que Jérôme et Claudiane s'amusent dans un parc de jets d'eau pour essayer des glissades pour adultes. Le Sting Ray, en particulier: un gigantesque half pipe où Ève-Marie s'élance presque à 90 degrés dans une bouée double. Impressionnant et excitant à souhait!

Jérôme a conquis le parc aquatique!
L'endroit est vraiment parfait pour les enfants. Même pour notre plus petite, qui peut profiter des nombreux petits parcs d'eau, des deux piscines à vague et même des deux rivières sans fin où elle flotte en gazouillant avec Ève-Marie et moi. Jérôme, quant à lui, peut s'élancer dans bon nombre de glissades différentes: la montagne russe style "pitoune" à 20 personnes qui fait un splash monumental, cinq ou six glissades à bouée doubles, les énormes bateaux gonflables circulaires, les glissades "standard", etc. Inutile de vous dire que notre petit bonhomme est aux anges. À la fin il s'est d'ailleurs endormi, épuisé, sur sa serviette de bain.

Le parc aquatique a conquis Jérôme...
J'en ai donc profité pour essayer quelques autres glissoires "de grand". Le black anaconda, entre autre: est un watercoaster soit un mélange réussi de la glissade d'eau et de la montagne russe. Après descendu une première côte, un tapis roulant ultra-rapide remonte la bouée triple qui replonge ensuite pour remonter à nouveau et ainsi de suite... Wow!

Ève-Marie maîtrise l'art du feu de camp mieux que moi
Nous terminons cette journée épuisante par un petit souper au camping, où les aires de feu ne sont pas très appropriées à la cuisson de nos saucisses. Qu'à celà ne tienne, nous parvenons à élaborer un complexe stratagème impliquant beaucoup de papier d'aluminium. Le résultat est assez concluant et on parvient à ne pas jeuner. Comme dessert, Ève-Marie concocte ses légendaires bananes braisées fourrées à la guimauve et au chocolat. Je savais que j'avais bien fait de voyager avec une scoute!

22 août 2006

Jour 8 - St Paul, Eau Vive, Wisconsin Dells


Nous nous réveillons très tôt ce matin car nous manquons de lait pour Claudiane et celle-ci refuse de se rendormir sans son biberon de 6h00 du matin. Tant pis, nous n'allons pas très loin après tout.

La petite ferme dans la prairie
Notre route, aujourd'hui, est toujours la I-94, mais au Wisconsin cette fois. Les plaques d'immatriculation de cet état, celui de La petite maison dans la prairie si je ne m'abuse, annoncent fièrement qu'il est le America's Dairyland. Nous croisons d'ailleurs plusieurs fermes laitières sur la route. Un peu après la ville d'Eau Vive, nous rejoignons la I-90 et retracerons donc, à l'envers, une partie du chemin que nous avions fait à l'aller.

Le parc d'eau de notre camping
C'est d'ailleurs à l'aller que nous avions découvert que Wisconsin Dells était sur notre chemin. Cette destination touristique par excellence du midwest américain est décrite par notre guide comme "a little bit of Disneyland and a little bit of Yellowstone". On y retrouve d'ailleurs le plus grand parc aquatique extérieur ainsi que le plus grand parc aquatique intérieur des Etats-Unis (1). Comme Jérôme a pris goût aux glissades d'eau, nous avons prévu dormir deux nuits dans un camping de la région pour passer la journée de demain au parc Noah's Ark. À notre arrivée, nous nous empressons de profiter du parc d'eau offert directement sur notre camping, question de découvrir le "little bit of Disneyland".

Le village de Wisconsin Dells
Nous partons ensuite nous promener et souper dans le village de Wisconsin Dells. Le paysage à l'aller est tout ce qu'il y a de plus quétaine: énorme parc d'attraction à thématique grecque douteuse, reconstitution du décor de Top Secret, maisons hantées, châteaux en papier mâché. Vous voyez le genre. Naturellement, on désespère de trouver autre chose que du gros fast-food gras dans un tel décor. Et bien, nous serons surpris! En effet, le restaurant pour lequel nous optons offre un menu fort intéressant et le poisson que je reçois n'est ni pané ni noyé sous la sauce tartare. Celui d'Ève-Marie, enrobé de noix de grenoble, est tout aussi délicieux. Même le macaroni au fromage de Jérôme est accompagné de fruits frais, une denrée rare en ce pays.

La rivière... et ses dells?
Après ce souper mémorable, nous souhaitons découvrir un peu du "little bit of Yellowstone". Les merveilles naturelles du coin sont supposément les dells sur la rivière. Bien qu'on ait aucune idée de ce que peuvent être des dells, les photos dans notre guide nous laissent croire qu'on aura droit à des escarpements et à des falaises en bordure de l'eau. La façon la plus commune de les admirer semble être de payer une petite fortune pour un tour de bateau offert par l'un des cinq compétiteurs du coin qui se vantent tous d'offrir la meilleure ballade. Nous optons plutôt pour une petite marche en forêt qui devrait nous emmener au bord de l'eau. Le soleil commence à se coucher alors nous nous dépêchons un peu. Après une quinzaine de minutes, nous apercevons l'eau et... c'est une rivière tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Les dells ne sortent peut-être uniquement que pour ceux qui se paient le tour de bateau?

(1) Récapitulons les "plus grands" gugusses qu'on devrait déjà avoir eu la chance d'admirer pendant ce voyage: le plus gros dinosaure, le plus gros tipi, le plus gros orignal (à Moose Jaw, mais on ne l'a jamais vu), le plus gros bison (quelquepart en bordure d'autoroute au Dakota du Nord), le plus gros centre d'achat, et aujourd'hui les plus gros parcs aquatiques intérieur et extérieur. On a aussi vu un candidat au titre de plus gros américain, aujourd'hui, à Eau Vive, mais la confirmation tarde à venir étant donné le grand nombre de finalistes.

20 août 2006

Jour 7 - Fargo, Mall of America, St Paul


Peu de route de prévue pour aujourd'hui car nous nous arrêtons aux twin cities que forment Minneapolis et St Paul. La I-94 nous y emmène directement et, bien que la route soit plus achalandée, on arrive à destination en 4 heures.

La cour centrale du Mall of America
Notre premier arrêt, supposément pour dîner, se fera un peu au sud de Minneapolis dans le Mall of America: le plus grand centre d'achats des États-Unis (plus petit que celui d'Edmonton, cependant). Dans ce méga-complexe, où se multiplient les food courts et les boutiques en tous genres, on trouve entre autre une exposition de lego qui a ravi Jérôme avec ses énormes reproductions de dinosaures et de Harry Potter.

La première montagne-russe de Jérôme!
Dans la cour centrale du mail on retrouve une vingtaine de manèges allant de la grande-roue à la montagne-russe à sensations fortes. Pour remercier Jérôme d'être un aussi bon voyageur, nous avons décidé de le laisser en profiter un peu. Il a ainsi découvert les montagnes-russes avec son papa et les autos-tamponneuses avec sa maman. Après une rapide promenade dans les boutiques nous sommes remontés dans la voiture pour rentrer à notre hôtel, situé dans le centre-ville de St Paul.

Une partie du centre-ville de Minneapolis.
Nous avons rapidement constaté qu'il n'y avait pas beaucoup d'action, le soir, dans downtown St Paul. Ne voulant pas passer la soirée dans notre chambre, nous avons décidé de ressortir pour visiter la ville voisine de Minneapolis. Notre petit guide de voyage nous conseillait d'arpenter la vibrante rue Nicollet. Malheureusement pour nous, cette rue ne semble pas vibrer fort-fort le dimanche soir. Bon, on y a quand même trouvé un peu de monde et la ballade, plus sécuritaire qu'elle ne l'aurait été dans les rues désertes de St Paul, nous a permis de découvrir un peu la ville.

Le capitol à St Paul
Comme le soleil commençait à se coucher et que les enfants étaient un peu fatigués, nous avons décidé de terminer notre tour des twin cities en voiture. Malgré une carte routière très approximative nous avons tout de même réussi à trouver l'Université du Minnesota, à longer les rives du Mississipi, à photographier le capitol, et à observer les maisons victoriennes de Summit Drive. Certes, ce n'est pas notre journée la plus excitante mais, après le Dakota du Nord, mieux vaut se réhabituer doucement à la civilisation.

Jour 6 - Estevan, Bismarck, Fargo


Avec ses quelques 650 000 habitants, le Dakota du Nord est probablement une des régions les moins densément peuplées du centre des États-Unis. C'est malgré tout ici que, pour la première fois du voyage, nous sommes retardés. C'est que la réfection de routes se fait de façon assez particulière et il faut prendre le temps de former un convoi avant de pouvoir partir emprunter la course à obstacle qui fait office de chantier de construction.

Les embouteillages de downtown Bismarck
Après cet excitant accueil aux États-Unis, nous poussons jusqu'à Bismarck où nous arrêtons vers 2 heures (véritable heure centrale). Cette ville, la capitale de l'état, est le siège du state capitol: un building d'une quinzaine d'étages très justement nommé le gratte-ciel des prairies. Selon nos calculs, les 50 000 habitants de la ville pourraient tous s'entasser en même temps dans le capitol et on se demande vraiment pourquoi ils ont construit aussi grand. D'ailleurs toute la ville est trop grande avec ses boulevards immensément larges.

Au North Dakota, mieux vaut rester sur la "main"!
En traversant les États-Unis à l'aller, nous avions déploré l'omni-présence du groupe alimentaire fast-food dans notre alimentation de base. À Bismarck, nous avons tenté de changer ça en ne s'arrêtant pas en bordure de l'autoroute, mais en visant plutôt les destinations gastronomiques du centre-ville. Malheureusement pour nous, après avoir marché plus de 45 minutes, nous devons abandonner. Nous finissons donc dans le seul resto qu'on peut apercevoir sur main street: un Mc Donald. Pas n'importe lequel cependant, car il s'agit du Mc Rock-n-Roll Café, avec juke-box, photos d'Elvis et banquettes de voiture. Votre Filet-O-Fish n'aura jamais été aussi excitant.

Coucher de soleil sur la rue 43 1/2 à Fargo.
Nous retournons ensuite sur la I-94 et Ève-Marie me fait remarquer que s'en est fini des petites routes. À partir d'ici et jusqu'à Montréal ce sera de l'autoroute à deux voies avec échangeurs et overpass. Nous roulons comme ça jusqu'à Fargo qui, forte de ses 90 000 habitants, occupe le prestigieux rang de ville la plus populeuse du Dakota du Nord. La caractéristique la plus remarquable de Fargo est la présence d'une rue 13 1/2 et d'une rue 43 1/2. Probablement que le plan d'urbanisme original n'avait pas prévu une croissance aussi fulgurante de la ville.

Le Space Alien Grill & Bar, un arrêt gastronomique obligé
Pour le souper, nous décidons d'adopter la fameuse maxime "if you can't beat them, join them" et optons d'emblée pour de la grosse bouffe américaine. Le Space Alien Grill & Bar ne nous déçoit pas avec ses ribs et ses pork strips à la sauce BBQ bien sucrée. Ce qu'on apprécie le plus, cependant, c'est le thème totalement kitch de resto-bar extra-terrestre. Si vous avez vu le film Toy Story, il ne vous sera pas difficile de vous imaginer le Space Alien: c'est une copie conforme du Pizza Planet! Et Jérôme était tout aussi excité d'y aller que l'était Andy dans le fameux film de Pixar. On y trouve tout ce qui fait le charme de ce genre d'établissement: mannequins d'extra-terrestres, drinks martiens et salle de jeux vidéo décalés. Le dôme central et son paysage galactique est aussi de toute beauté. Je crois qu'on a découvert le joyau caché du Dakota du Nord...

18 août 2006

Jour 5 - Medicine Hat, Moose Jaw, Estevan


Aaah... La Saskatchewan... La seule province qui, pour faire original, a choisi de ne pas adopter l'heure avancée en été. Résultat, jusqu'au 29 octobre on ne doit pas changer l'heure en traversant le fuseau horaire qui sépare l'Alberta de la Saskatchewan. On s'est donc cru une heure plus tard pendant toute la journée. Il y a plus grave, vous me direz, mais c'est tout de même un peu bizarre...

Un banc de sel en bordure de la transcanadienne
Nous avons donc passé la journée à traverser la Saskatchewan: beaucoup de route, peu d'activités. On a quand même bien apprécié les paysages de la prairie canadienne. Jusqu'à Moose Jaw, celle-ci est en effet moins plate qu'on pourrait le penser et la route monte et descend de nombreuses petites collines. Dans la visite guidée d'hier, nous avons appris que dans les temps préhistoriques, cette province était entièrement submergée sous un océan intérieur. Est-ce pour cette raison qu'on y retrouve aujourd'hui des lacs salés et des bancs de sel en bordure de la route?

L'endroit où se procurer une selle à Moose Jaw!
Nous arrêtons pour dîner dans le vieux Moose Jaw, une ville où se serait caché Al Capone pendant la prohibition. Aujourd'hui, selon Ève-Marie, ça ressemble plutôt à Shawinigan... Magasins de cowboys en prime! Rien de bien spectaculaire ici, donc, mais on prend une bonne marche question de reprendre contact avec la civilisation. Il faut dire que Moose Jaw est la première agglomération de plus de 500 habitants qu'on a croisée depuis Swift Current à 175 kilomètres de là. Ça fait du bien de revoir des humains, même s'ils portent des chapeaux de cowboys!

Les prairies s'aplatissent
Après Moose Jaw, on quitte la transcanadienne pour emprunter la route 39. Deux voies et circulation à contre-sens, mais on est absolument seuls alors ça roule très bien. En plus, le paysage devient maintenant parfaitement plat et l'étroite route vide nous donne parfois l'impression d'être perdus sur une mer de blé dans une petite mazda solitaire. Ajoutez à ça que, depuis l'Alberta, la route est survolée par des milliers de petits papillons blancs qui se kamikazent sur notre pare-brise et le transforme en un cimetière de glue et vous comprendrez qu'on n'a vraiment pas l'impression de conduire sur la 20.

Le royaume du blé et des méga-élévateurs à grain
On est à présent en plein coeur du royaume du blé. Les moissoneuses-batteuses s'occupent aux récoltes d'immenses champs et on en voit même parfois qui fauchent les herbes en bordure de la route. Chaque petit village a d'ailleurs son élévateur prêt à charger les wagons. À Weyburn ces élévateurs deviennent de véritables monstres et on ne se surprend pas de lire qu'il s'agit du plus important centre intérieur de transport du blé au Canada. On pousse jusqu'à Estevan, la ville de l'énergie. Demain, nous traversons les lignes et entrons au Dakota du Nord. La météo prévoit des champs et encore des champs.

Jour 4 - Calgary, Drumheller, Medicine Hat


Jusqu'à aujourd'hui, vous m'auriez dit Alberta et j'aurais pensé pétrole, vaches, blé, Harper à la rigueur... J'ai donc été plutôt surpris quand, en proposant à Ève-Marie de laisser tomber le Parc Glacier, elle m'a répondu: "Dans ce cas, on pourrait en profiter pour passer voir les dinosaures." Les quoi?

Un fossile superbement conservé au Tyrrell Royal Museum
Et bien oui, il semble que les origines conservatrices de la province ne datent pas d'hier, et notre premier arrêt à Drumheller nous en a convaincu. Dans ce petit village en bordure de la rivière Red Deer le paysage, jusque là la plus plate prairie imaginable, devient brusquement aride et parsemé de formations de roches érodées. À ce paysage lunaire s'ajoutent d'étranges habitants de plastique qui ornent pratiquement chaque coin de rue: tyrannosaure, diplodocus, tricératops et leurs cousins. Le plus gros dinosaure du monde, dans la gueule duquel on trouve le bureau d'information touristique, nous confirme qu'on ne s'est pas trompé d'endroit. Le Royal Tyrrell Museum n'est plus très loin. Ce musée spectaculaire présente, de façon admirable, une collection très variée de reproductions de squelettes et de fossiles de dinosaures, remontant jusqu'aux plus anciens animaux connus. Des corridors vitrés recréent, sous une lumière bleuté dramatique, les fonds marins tels qu'on les imagine il y a des dizaines de millions d'années. D'autres salles nous présentent l'évolution animale, des plus anciens dinosaures jusqu'aux "récents" mammouths. Nous passons un peu moins de deux heures dans ce musée. Beaucoup trop peu compte tenu de la richesse et de la qualité de l'endroit, mais les enfants sont un peu fatigués et nous devons arriver avant 4 heures à notre prochaine étape.

Les cactus de l'Alberta
Notre objectif, c'est le Dinosaur Provincial Park. Cette réserve naturelle, située sur les rives de la Red Deer à quelques kilomètres au nord de Brooks, se trouve dans une petite poche de désert au beau milieu des prairies. Les formations de roches érodées se multiplient et on voit apparaître ici et là de petits cactus. Au grand bonheur d'Ève-Marie, on ne croise pas les énormes serpents à sonnettes résidants de l'endroit, mais on comprend tout de même pourquoi les premiers colons français avaient baptisé ce coin de pays mauvaises terres. Et oui, les Badlands ne sont pas une exclusivité américaine!

Le paysage du Dinosaur Provincial Park
Dans un but de conservation, la majeure partie du parc n'est accessible au public que dans le cadre d'une visite guidée. Nous avions donc pris soin de réserver une place à bord de l'autobus qui parcourt ce désert. Cette ballade de deux heures est très bien faite et nous permet de découvrir des panoramas uniques en plus de nous offrir la chance d'arpenter les buttes de roches à la recherche de fossiles. En effet, le parc tire son nom de la très grande quantité de fossiles de dinosaure qu'il renferme. D'ailleurs, selon notre guide, la méthode de recherche des paléontologues consiste simplement à se promener dans la réserve en cherchant une côte ou une patte de dinosaure qui jaillirait du flanc rocheux.

Un arc-en-ciel sur les prairies
Suite à cette superbe visite qui a encouragé les prédispositions favorables de Jérôme envers ces grosses bibittes, nous reprenons la route. Question de ne pas rebrousser chemin inutilement, et contrairement aux recommendations du dépliant touristique, nous empruntons la route 876 sud. Après tout, 20 km sur une route secondaire, même en gravier, pour sauver un détour de 50 km, ça semble une bonne idée, non? Non. Car l'Alberta est le royaume du gros pickup bien chargé et la route devient rapidement un enfer de roulières et de monceaux de cailloux qui font un bruit assez désagréable en frottant le dessous de notre voiture. On rejoint malgré tout la transcanadienne et on repart vers l'est. On s'arrête dans un motel de Medicine Hat, pas très loin du plus grand tipi du monde. Vous voyez qu'on a du goût.

[ Itinéraire 1 2, Précédent, Suite ]
[ Table des matières ]

17 août 2006

Jour 3 - Lake Louise, Banff, Calgary


Aujourd'hui on ne sait pas trop où on và dormir. On avait pensé se diriger vers les États-Unis et le Parc Glacier mais une analyse plus étroite de la carte nous permet de constater que c'est un gros détour et on doute que ce soit beaucoup plus beau que nos rocheuses à nous. Bon, ne pensons pas à ça maintenant, il y a assez de choses à voir ici!

La perfection du Lac Louise
Tout d'abord le fameux Lac Louise, probablement l'attrait touristique naturel le plus photographié de notre beau pays. Je craignais un peu d'y trouver un attrappe-touriste; après tout, des lacs, on en a à revendre au Québec. Force est de constater, cependant, qu'il y a une petite dose de perfection dans ce Lac Louise. Les montagnes à l'avant-plan encadrent un glacier qui, grâce aux jeux d'ombres et de lumière, semble avancer lentement dans l'étroit corridor où s'engouffrent les eaux du lac. Celles-ci ont d'ailleurs la couleur turquoise typique des eaux glacières et sont si froides qu'on ressent une baisse marquée de la température en pénétrant dans la vallée.

Les montagnes du vieux 20$
Pas très loin la route rejoint le Lac Moraine. Celui-ci est aussi très beau, mais sa splendeur n'égale pas celle du Lac Louise. On peut cependant y voir dix montagnes se refléter dans les eaux du lac. Ces sommets, ponctués de flancs escarpés et de calottes de glace, représentent probablement l'image la plus typique des montagnes rocheuses. C'est donc bien naturel qu'on les ait choisis pour illustrer le vieux billet de 20$.

Les cheminées de fées et la rivière Bow
Une cinquantaine de kilomètres plus loin nous atteignons le joli petit village de Banff. Un arrêt touristique typique, avec sa petite rue bordée de commerces qui tentent de nous faire replonger à l'époque où les Saints-Bernards sauvaient les skieurs. On se laisse tenter par une devanture plus accrocheuse que les autres et on achète quelques bonbons qui font les délices de Jérôme... et de son papa! Un seul restaurant détonne dans cette rue uniformément alpine: un grec donc les bleus criards et les blancs francs nous projettent tout droit dans la mer Égée. On y dîne. C'est assez troublant comme expérience.

Après avoir parcouru la petite route qui serpente le long de la Tunnel Mountain nous arrivons aux cheminées de fées: des formations rocheuses similaires à celles que nous avions vues dans les badlands, en beaucoup plus petit. Dans ce décor de montagnes, cependant, elles offrent une perspective très différente. Surtout avec la rivière Bow qui coule derrière. On remarque que cette rivière coule vers l'est et rejoindra éventuellement l'Atlantique, signe que nous avons traversé la ligne de partage des eaux.

Le centre-ville de Calgary vu du parc de Prince's Island
Nous décidons finalement de changer nos plans. Plutôt que de bifurquer vers les États-Unis, nous nous arrêtons à Calgary, dans un petit Travelodge en bordure de la trans-canadienne. Après avoir renoué avec les joies de la civilisation (Internet pour moi, un lit pour Ève-Marie), nous décidons de visiter le centre-ville de Calgary où poussent les tours aux emblèmes des sociétés pétrolières. On fait le tour de Prince's Island, où on aperçoit des bernaches et un énorme castor (!?), puis on frappe à quelques portes pour chercher un restaurant qui accepterait Claudiane et Jérôme. Ce sera finalement le Brewster Eau Claire, où je me ferai plaisir avec un Alberta Sirloin accompagné d'une bonne bière. Après tout, dans une ville où les bancs publics ont des allures de vaches, il faut bien se payer un steak, non?